Notre lettre 1051 publiée le 13 juin 2024
MGR AERTS (BRUGES),
OU LE CATHOLICISME FLAMAND
EN VOIE DE DISPARITION
OU LE CATHOLICISME FLAMAND
EN VOIE DE DISPARITION
2ème partie : La grande dérive des évêques flamands

Il faut convenir que Mgr Aerts hérite d’une situation diocésaine difficile tenant au scandale causé par la conduite de son anté-prédécesseur, Mgr Vangheluwe, qui après avoir dû démissionner en 2010, évêque qui vient, fait absolument exceptionnel d’être frappé de la punition de « réduction à l’état laïc ».
Un diocèse de Bruges ébranlé
La Libre Belgique explique, à l'automne 2016, que Mgr Aerts a été envoyé à Bruges – diocèse fragilisé par des affaires d'abus qui ont particulièrement choqué les fidèles, comme le « diacre meurtrier » de Menin ou les abus commis par Mgr Vangheluwe – parce qu’il était le seul possible : « Lode Aerts, (aurait été désigné) évêque plus tôt que prévu (Le choix du pape n’en est pas moins longuement mûri et n’est certainement pas fait par défaut : il nous revient que Lode Aerts figurait bien dans la "terna" - entendez, la liste de trois noms remise à Rome par le nonce apostolique sortant, Mgr Giacinto Berloco. Il semble en fait qu’à l’ombre de la basilique Saint-Pierre, on le gardait encore un peu "en réserve" afin de le nommer comme évêque de… Gand quand Luc Van Looy y aura définitivement tiré sa révérence. C’est que Lode Aerts connaît comme sa poche le diocèse de Gand où il était vicaire épiscopal depuis près d’un quart de siècle, d’abord de Mgr Luysterman puis de Mgr Van Looy.
Cela dit, il est évident aussi que le diocèse de Bruges, toujours sous le coup des agissements scandaleux de Roger Vangheluwe, ne fourmillait pas de candidats susceptibles de parachever la remise en ordre entreprise par celui qui préside aujourd’hui à la destinée de l’Église belge. Plusieurs candidats potentiels apparaissaient à tort ou à raison proches de l’évêque démis. …
Effectivement, le diocèse de Bruges a été fortement marqué par l’affaire Vangheluwe, du nom de l’évêque en poste depuis 1984, qui avait dû démissionner lors de la révélation d'agressions sexuelles de sa part à l'encontre de son neveu ; à l’époque, la justice perquisitionna aussi le domicile privé du cardinal Danneels – alors chef de l’Église catholique belge et saisit son ordinateur, mais il ne fut pas inculpé.
Mgr Vangheluwe avait abusé de son neveu de 1973 à 1986. D'autres victimes alléguées se font connaître à partir de 2017. Or, en Belgique, où les cultes disposent d’un financement public et sont payés par le ministère de la Justice, les traitements des prêtres et évêques sont publics – ces faits sordides sont utilisés pour remettre en cause le financement d’un Église en voie de disparition.
Du point de vue canonique Mgr Vangheluwe déclara dans une interview qu’il « n’a pas l’impression » d’avoir été un pédophile et avoue tout naïvement qu’il a « naturellement confessé plusieurs fois » sa victime, ce qui relève des delicta graviora, en l’espèce du « délit d’absolution du complice ». Il a du quitter la Belgique pour le diocèse de Blois, sur décision du Saint-Siège, puis pour une autre destination une fois sa présence connue. À noter que sa réduction à l’état laïque suit une demande, en janvier 2024, du ministre de la justice belge au nonce apostolique de lui retirer son titre d’évêque, demande en soi inacceptable au regard de la liberté de l’Église.
L’abbé Rik Devillé rapporte que quand un prêtre de son diocèse lui annonçait son souhait de se marier, Roger Vangheluwe le révoquait immédiatement avec ce commentaire « On ne peut pas tomber plus bas… », ce qui sonne étrangement depuis que sont connues ses propres turpitudes.
Par ailleurs, en 2003, il soutint l'idée de l'ordination de femmes au diaconat lors de sa visite ad limina au pape Jean-Paul II – cette demande sera reprise ensuite par NNSS de Kesel, Danneels et leurs poulains, notamment NNSS Bonny et Terlinden…
Par ailleurs le diocèse de Bruges est frappé à nouveau en 2017, cette fois par l’affaire du « diacre meurtrier », Ivo Poppe, coupable de 10 à 20 euthanasies (il a reconnu certains de ces « meurtres charitables » mais pas tous, car on ne peut se souvenir de tout…) dans l’hôpital de Menin où il était infirmier depuis 1978 puis visiteur pastoral après avoir été ordonné diacre de Wevelgem en 1996. Les faits s’étendent jusqu’en 2011 : « Je voulais éliminer leurs souffrances, ces gens ne vivaient plus », Jugé aux assises en 2017 – le diocèse de Bruges se constitue partie civile dans cette affaire qui touche par ricochet l’ancien évêque, le cardinal de Kesel – il est condamné à 27 ans de prison, peine lourde pour un crime considéré comme « humanitaire », due sans doute à son état clérical.
Mgr de Kesel comparut comme témoin pendant le procès aux assises ; comme l’indique la presse belge alors, « dans le cadre de cette affaire, le cardinal Jozef de Kesel, président de la Conférence épiscopale belge, a comparu en qualité de témoin. Pourquoi? Parce qu’Ivo Poppe était diacre et que le cardinal était évêque de Bruges, avant de succéder à Mgr Léonard à la tête de l’archevêché de Malines-Bruxelles.
Le cardinal a précisé n’avoir jamais reçu de plaintes concernant Ivo Poppe, que la presse flamande a qualifié de "diacre de la mort". L’ancien évêque de Bruges avait rappelé avoir révoqué le diacre à la suite de son arrestation. “J’ai été nommé évêque de Bruges en 2010 et je n’ai jamais eu de contact étroit avec Ivo Poppe , a expliqué l’archevêque. Et d’ajouter: "Je me souviens qu’il m’avait écrit une lettre fin 2010 pour me demander d’être libéré de ses responsabilités d’aumônier". »
C’est une des raisons pour lesquelles Mgr Aerts a déclaré à son ordination, « nous ne formons pas une Église de fidèles parfaits, loin de là. Nous sommes en bien pire état que cette cathédrale… » (il faisait référence aux travaux qui réduisaient alors la capacité de la cathédrale).
Mgr Gaillot comme référence, mais pas toujours
Comme le rappelle la presse flamande lors de son installation, en expliquant sa devise épiscopale, « l'évêque fait encore référence à Mgr. Gaillot, évêque d'Évreux, qui déclarait alors : "Si l'Église ne sert pas, elle ne sert à rien". Son service – en grec diakonia – est d'apporter la Bonne Nouvelle, de donner de l'espoir, d'offrir une perspective, ce qui est important en ces temps d'incertitude.»
« [Ce que fait l’Église] est important dans une culture où de nombreux liens sociaux se relâchent ou tombent. Ici, l’Église peut apporter quelque chose sans se montrer insistante.» Des groupes religieux travaillent également de cette manière en Flandre occidentale et Mgr. Aerts espère pouvoir soutenir et encourager cela.
Dans sa bibliothèque figurent aussi d’après Kerknet le cardinal Martini, le résistant et théologien luthérien Dietrich Bonhoeffer, le fondateur de Taizé frère Roger Schutz, Jean Vanier et les œuvres du pape François.
L’héroïsme de la foi ? Non. Ne demander que le minimum estimé possible aux catholiques. Lors de sa conférence de presse d’installation, le 5 octobre 2016 (loc. cit.) il affirme vouloir « peuvent réveiller l'Église bourgeoise un peu endormie, j'en suis convaincu », en prenant pour exemple les préparations de mariage : « Écoutez, prenez les gens qui veulent se marier à l’Église. Vous entendez également des discussions à ce sujet. Certains se demandent : devrions-nous, en tant qu’Église, continuer à nous occuper de ce mariage de personnes que nous voyons rarement ou jamais à l’église ? Et d’autres imposent des conditions telles au couple qu’ils imposent à ces personnes un fardeau au-delà de leurs forces.
Écoutez, par expérience à Gand, où nous avons travaillé avec environ 15 couples chaque année pour leur mariage, avec des initiatives très modestes, sans cérémonie, je peux dire : ils m'ont en fait rendu plus religieux. Maintenant que les relations sont si fragiles, ils attendent quelque chose de l’Église. Ils attendent de l’Église qu’elle croie en ce qu’ils espèrent eux-mêmes profondément, à savoir qu’il est possible de s’aimer durablement. Ces couples espèrent que l’Église croit en ce qu’ils désirent réellement. Nous pouvons leur rendre service en leur offrant le trésor de l’Évangile.»
Cependant, nous l’avons déjà évoqué, contrairement à son modèle Mgr Gaillot, Mgr Aerts n’a pas hésité en 2017 à destituer un prêtre atypique, l’abbé Luk Brutin, à Zwevezele, déjà en froid avec son prédécesseur (Mgr de Kesel) depuis 2011, sous prétexte qu’il « ne faisait pas l’unanimité au sein de ses paroisses. Luk Brutin a perdu lundi l’attribution des paroisses de Sint-Aldegondis et Sint-Jozef à Zwevezele. Une “décision mûrement réfléchie, dans le respect des procédures canoniques”, explique le diocèse. La volonté est de permettre aux paroisses concernées de retrouver “une activité pastorale plus sereine”, poursuit celui-ci, sans expliciter plus avant les motifs de mécontentement ».
La presse flamande rappelle alors le contexte : ce n’est pas la première fois que Luk Brutin, connu pour son style peu conventionnel, fait parler de lui. Précédemment, il avait déjà été écarté des paroisses de Wingene. Arrivé à Zwevezele il y a six ans, l’homme n’hésite pas à célébrer une messe au milieu d’auto-tamponneuses ou à revêtir une veste de cuir pour bénir des motards. Cela a irrité certains paroissiens », mais visiblement pas tous puisque 150 d’entre eux ont manifesté pour son retour en septembre 2017. Ils déclarent alors, « cela montre une fois de plus comment le diocèse traite les gens. Nous pensons que le prêtre Luk est traité plus durement que les prêtres pédophiles ».
En 2019 ce curé qui irrite l’Église « bourgeoise et endormie » annonce suspendre son appel auprès de Rome, en accord avec le diocèse qui maintient son traitement ; il déclare alors : « j'ai fait appel parce que beaucoup de paroissiens me l'ont demandé, mais si j'y retourne, le harcèlement recommencera. De plus, tout notre dur travail de ces dernières années a été annulé et les employés ont été remplacés. Pour moi, il s'agit uniquement de réparation. Qu'ils reconnaissent que j'ai été victime d'intimidation et que de telles situations peuvent être évitées à l'avenir. Je ne peux qu'espérer pouvoir travailler à nouveau ailleurs, mais je ne vais pas nier mon style de prédication spécifique. Cela a été un succès ».
Six ans plus tard alors que l’affaire Vangheluwe refait surface à la télé flamande en marge des révélations sur les supposés « trafics » d’enfants dans les orphelinats gérés par l’Église dans les diocèses d’Anvers et Hasselt, Mgr Aerts se dit « responsable » des agissements et errements passés dans son diocèse et se couvre la tête de cendres.
Mais… Cependant une lettre ouverte dans la presse locale, fin septembre, adressée à Mgr Aerts, rappelle que ça fait un an qu’une victime d’un prêtre du diocèse, qui a demandé à le rencontrer, attend que l’évêque trouve un moment pour ce faire.
Les évêques flamands et la grande dérive pastorale
En le domaine de la démagogie à l’endroit du lobby LGBT Mgr Aerts ne se distingue pas des autres évêques flamands et nous ne parlons de lui que comme représentatif de cette stupéfiante dérive pastorale d’une partie de l’épiscopat, que Fiducia supplicans est venu approuver.
Comme son collègue l’archevêque de Bruxelles Luc Terlinden – un autre « Kesel Boy » qui doit sa mitre à sa double filiation avec de Kesel et Danneels, il est absent du moteur de recherche du lobby « catholique » LGBT américain New Ways Ministries
Mais cependant, en 2022 Mgr Aerts a fait partie des évêques flamands (avec Jozef de Kesel) qui, avant Fiducia suppliquans, ont mis en place une liturgie pour bénir les couples LGBT. Comme le rappelle à l’époque New Ways Ministries qui se félicite de cette nouvelle, « l’annonce de l’initiative sur le site Internet de l’Église catholique belge fait expressément référence aux propos du pape François et à Amoris Laetitia comme sources du désir des évêques de « donner une réponse et un accomplissement concrets au désir d’accorder une attention explicite à la situation des personnes homosexuelles, de leurs parents et de leurs familles dans l’élaboration de leurs politiques ».
Le Cardinal Josef de Kesel de Bruxelles est officiellement désigné dans le document comme l’un de ses signataires ; la signature elle-même tient en trois mots : « Les évêques flamands ». Il s’agit des évêques des diocèses d’Anvers [Johan Bonny, connu pour ses déclarations peu orthodoxes], de Gand [Lode van Hecke], de Hasselt [Patrick Hoogmartens] et de Bruges [Lodewijk Aerts] ».
Mais ce n’est pas tout. Lesdits évêques flamands, dont Mgr Aerts, ont alors cosigné un communiqué que le cardinal Fernandez lui-même n’aurait pas osé produire et qui mérite une lecture attentive : « Même les croyants vivant une relation homosexuelle stable désirent être respectés et appréciés au sein de la communauté religieuse. Cela fait mal lorsqu’ils se sentent exclus ou n’appartiennent pas à eux. Ils veulent être entendus et reconnus. C'est là l'objet de cette approche pastorale : leur histoire d'incertitude vers une clarté et une acceptation croissantes leurs questions sur les positions de l'Église ; leur joie de connaître un partenaire stable ; leur choix pour une relation exclusive et durable ; leur détermination à assumer la responsabilité les uns des autres et leur désir d’être au service de l’Église et de la société ».
Il s’agit bien d’accueillir non comme pécheurs à pardonner s’ils se repentent, mais en tant que pécheurs voulant rester dans leur péché public, des chrétiens « vivant une relation homosexuelle stable ». Comme tels, comme personnes homosexuelles vivant publiquement en couple, ils « veulent être entendus et reconnus ». La pastorale de l’Église visant en l’espèce à les conforter dans la stabilité dans le péché considérée comme un bien. Elle encourage le fait qu’ils ont la joie de « connaître un partenaire stable », au lieu de pratiquer le péché avec de multiples partenaires d’occasion. Comme tels, c’est-à-dire comme pécheurs publics stables, exemplaires en quelque sorte, ils sont accueillis pour « assumer la responsabilité les uns des autres », autrement dit, si on comprend bien, la responsabilité des autres homosexuels pas encore stables, et pour être ainsi « au service de l’Église ».