Notre lettre 1256 publiée le 27 août 2025
QUELQUES ÉCHOS
DU DIOCÈSE DE TOULON
ORPHELIN DE SON ÉVÊQUE
Dans ses sermons, François Touvet, aime parfois citer Lumen Gentium. Visiblement, il gagnerait aussi à lire un autre texte du concile Vatican II, le décret sur la charge pastorale des évêques Christus Dominus où il est écrit entre autres, «dans l'exercice de leur charge de père et de pasteur, que les évêques soient au milieu de leur peuple comme ceux qui les servent, de bons pasteurs connaissant leurs brebis et que leurs brebis connaissent, des vrais pères qui s'imposent par leur esprit d'amour et de dévouement envers tous et dont l'autorité reçue d'en haut rencontre une adhésion unanime et reconnaissante ».
Moins de deux ans après l'arrivée de Mgr Touvet dans le diocèse de Toulon, comme coadjuteur officiellement – dans le rôle ambigu d'un évêque bis officieusement – puis comme titulaire en janvier 2025, le compte n'y est pas. Comme s'il avait arrêté sa lecture un peu plus haut, à « la charge d'enseigner, sanctifier et gouverner » confiée aux évêques.
Surnommé par certains « Monseigneur fossoyeur », par d'autres « Monseigneur parfait », celui qui a une très haute idée de lui-même aime en effet gouverner, mais depuis une tour d'ivoire, entouré de prêtres et laïcs ex-militaires ou fils de militaires qui ne s'opposent jamais à lui, débarquant sans ménagement les personnes compétentes proches de l'évêque précédent lorsqu'elles tentent de tracer des limites à son pouvoir.
Résultat, comme dans une caserne d'incorporation dirigée par un officier avec des oeillères d'un cheval de Quatorze, « plus Touvet fulmine, et plus ses ordres sont ignorés, ou interprétés s'il y a quelque chose de réalisable », relève un prêtre du diocèse, pour qui « Touvet, plus il donne des coups de menton, plus il lisse sa crosse à défaut d'épaulettes, moins il est écouté et respecté. Gouverner peut-être, mais sanctifier et enseigner on n'y est plus du tout ».
« J 'ai donné des éléments contre Mgr Rey et je le regrette amérement »
Moins d'une centaine de kilomètres plus à l'ouest, la Bonne mère veille sur Marseille radoucie par la nuit provençale. Le vent léger de mer est propice aux confessions. Un prêtre du diocèse de Toulon venu voir un confrère de la cité phocéenne ne cache pas qu'il est « catastrophé » par l'évolution de son diocèse, qu'il a pourtant favorisée.
« J'ai donné des éléments contre Mgr Rey, et je le regrette amérement. Non pas qu'ils étaient faux, mais que l'arrivée de Mgr Touvet était la pire réponse possible de la part de l'institution. Il n'est pas ouvert, est autoritaire au possible, et au lieu de refermer les plaies des dernières années, il conforte dans leur résistance tous ceux qui trouvent que Mgr Rey a été débarqué pour rien ».
Clairement, à Toulon, même des fidèles plutôt loyaux envers Mgr Touvet, par respect de l'institution, s'en sont détournés. Tandis que d'autres, bien d'autres, ne l'ont jamais accepté et le considèrent comme ces ''intrus'' de la Révolution, les curés jureurs dans les paroisses chouannes. « Notre évêque est et restera Mgr Rey, et Mgr Madec avant lui, Mgr Rey n'aurait jamais dû partir car ce qui lui est reproché est pacotille à coté de ce qui se passe dans la plupart des diocèse de France. Tout est en roue libre depuis, et l'actuel évêque, bien a dit au début et quand il est devenu titulaire qu'il est là dans la continuité, ne cesse de se plaindre de Mgr Rey et de donner l'impression de tout vouloir démanteler », assène une fervente fidèle de la cathédrale.
« Pour beaucoup Touvet n'est pas vraiment un évêque »
La cassure entre Mgr Touvet et son diocèse est profonde. Sur le Forum Catholique, un liseur du Var met les mots sur les maux : « avec son style cassant et autoritaire, Mgr Touvet a réussi l'exploit de se faire rejeter par une bonne partie de ses ouailles en un temps record ».
Et si beaucoup préfèrent rester prudents et à l'écart du règlement de comptes entre prélats, certains trouvent que Mgr Touvet « Pour beaucoup, Touvet n'est pas vraiment un évêque et en tout cas pas à la hauteur des enjeux. Il n'a toujours pas compris comment ça marche ici, et comme il s'est entouré de gens qui lui obéissent sans oser le recadrer quand il dépasse les bornes, il n'est pas prêt de comprendre », constate un laïc engagé.
Un autre trouvait « au début que Mgr Rey avait fait son temps. Mais Mgr Rey, il était ouvert et évangélique, on pouvait lui parler. Le nouveau là, Touvet, ce n'est meme pas la peine ! Dans un sermon il a dit qu'il était là pour quinze ans – visiblement il sait à la place du futur nonce, mais s'il veut rester encore quelques temps, il va bien falloir que quelqu'un l'aime ! Là, il se met à dos même ceux qui étaient contre Mgr Rey ».
L'ambiguité et les plaintes de Mgr Touvet tranchent sur la bienveillance de Mgr Rey
Dans les confins montagneux du diocèse près des Alpes de Haute-Provence, un autre fidèle constate que la transition entre les deux évêques est tout sauf évidente. « On a eu Mgr Rey, qui a tellement érigé de fondations, de communautés, qui était bienveillant, qui prenait tout ce qui attirait des fidèles et des gens à la Foi, quelle que soit leur orientation, qui s'est soucié de nos montagnes, et il a été remplacé par quelqu'un qui est arrivé sans vraiment un rôle compréhensible, qui ne cesse de se plaindre de son prédécesseur qui a tant bâti et qui essaie de tout démanteler, ce n'est pas étonnant qu'il soit mal vu ! ».
Dans le diocèse, les plaintes répétées de Mgr Touvet contre ceux qui ne concélèbrent pas, sa recherche permanente d'une cinquième colonne qui cliverait les fidèles et ses récriminations contre Mgr Rey – aux ordinations à la Castille, ou plus récemment quand il est allé s'en plaindre au nouveau Pape, alors qu'il est éveque de plein exercice depuis sept mois, son prédécesseur étant à Paris, à plus de 800 km, ne passent pas.
« A mauvais ouvrier, mauvais outil », constate un prêtre toulonnais. « Franchement, Touvet n'est pas à plaindre. Oui, le diocèse a des problèmes financiers, mais c'est le seul diocèse de France qui en a pour de bonnes raisons – trop de prêtres et de religieux. Les autres sont trente prêtres là où ils étaient 500 il y a un demi-siècle,ces diocèses sont quand même mal gérés et doivent vendre du patrimoine, ce qui sauve leurs comptes mais les rapproche de la disparition totale.
Nous on ne peut pas vendre de patrimoine, mais on a assuré notre avenir – et c'est encore une fois le seul diocèse de France dans ce cas. Face au déclin des vocations, de la pratique etc. il n'est bons murs que bons hommes – n'a t'il pas appris cet adage à l'armée, ou lui aussi croit qu'un chef peut remporter la guerre à lui tout seul, surtout s'il fait pleuvoir des tonnes d'ordres sur tout le monde ? Il a une richesse folle, qu'aucun diocèse de France n'a, et il semble la traîner comme un fardeau car il n'est pour rien – au contraire. Pas étonnant que les fidèles soient troublés ».
« Le charisme de Touvet, c'est d'apliquer des décisions, il est persuadé d'incarner la seule ligne valable »
Une autre fidèle, sur la côte près de Bandol, constate que « le problème de Touvet, c'est que son charisme c'est d'apliquer des décisions. Il l'avait dit en arrivant d'ailleurs, au sujet de sa gestion du Verbe de Vie à Châlons, qu'il n'était pas là pour dissoudre, mais qu'il appliquait des décisions prises par d'autres. Ici c'est pareil, il n'est pas là pour tout démolir à la pelleteuse, mais comme d'autres ont pris ces décisions, il s'en fait la courroie de transmission sans état d'âmes. Le problème, c'est qu'évidemment ça ne passe pas, et en plus il ne peut pas plaider la sincérité, après ses petits papiers qu'il a tenté de faire signer aux séminaristes en échange de leur ordination ».
C'est qu'en effet, « un évêque qui s'adonne au chantage, même soi-disant sur ordre supérieur, ou qui donne des ordres oraux car il n'assume pas ses ordres écrits, c'est comme un prélat qui vit avec sa secrétaire ou qui fréquente un club nudiste, ça fait désordre. Mais le pire, c'est que dans son obstination, il est parfaitement sincère, il est persuadé d'incarner la seule ligne valable, et dès que quelqu'un n'est pas exactement dans son sens, il le casse devant tout le monde et s'en fait un ennemi ».
A force de se faire des ennemis à une vitesse record – presque une application de la loi de Murphy à l'Eglise, qui soutiendra encore Mgr Touvet dans son entreprise de démolition dont les principaux commanditaires, atteints par la limite d'âge, ne se soucieront plus de Toulon dans quelques mois ?
Ni de l'éternel sous-chef à sa tête, qui pour l'heure est une illustration si parfaite du principe de Peter appliqué aux nominations épiscopales qu'il faudra, pour la postérité, le placer en tenue de cérémonie numéro 4 sous cloche au pavillon de Sèvres.
Celui que ses employés surnomment Mgr Parfait en lisant ses publications sur les réseaux sociaux où comme un maire en campagne, il s'attribue tous les succès – y compris les vendanges à la Castille – et met tous les problèmes sur son prédécesseur, le tout à la troisième personne du singulier alors qu'il prêche l'humilité à chaque discours, aura enfin trouvé sa place. Au musée.
La faute à qui ?
« Ce saccage était voulu par le Nonce pour ne pas dire par la conférence épiscopale... vous comprenez bien que pour justifier leurs stratégie d’une Eglise du futur sans prêtre parce qu’aujourd’hui il n’y aurait plus de vocations il fallait éliminer celui qui y parvenait avec intelligence… Certes Mgr Touvet n’est pas responsable de tout mais il est au moins coupable d’avoir accepté de faire le sale boulot et en attendant nous sommes comme des orphelins » conclut ce prêtre de Toulon.