Notre lettre 1255bis publiée le 26 août 2025
LÉON XIV, UN PONTIFICAT D'ÉTAPE ?
UNE RÉFLEXION
DE RES NOVAE
« Simon, Simon, voici que Satan vous a réclamés pour vous cribler comme le froment, mais moi j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas. Toi donc, quand tu seras revenu, confirme tes frères » (Lc 22, 31-32).
Nous avons eu l’occasion de dire que le pontificat bergoglien, avec ses boursouflures, pouvait bien constituer, sinon la phase terminale de l’après-Vatican II, en tout cas l’approche de son terme. À condition, bien entendu, qu’il se trouve des hommes d’Église qui aient la détermination nécessaire pour tourner la page. À défaut, et en attendant, on peut espérer l’adoption d’une sorte de réalisme d’étape, en vertu duquel on laisserait vivre et se développer les forces catholiques qui existent encore. Mais en définitive c’est au grand retour de l’ordre magistériel qu’aspire l’Église du Christ et que ses pasteurs ont à préparer.
Un pape pour « apaiser les tensions »
Les papes successifs de l’après-Concile ont mis toute leur énergie à surmonter les fractures qu’avaient inévitablement provoquées l’affaissement libéral de la doctrine ecclésiologique, et depuis François celui de la doctrine du mariage. Fractures doctrinales illustrées par celle causée par la réforme liturgique, elle aussi libérale, édulcorante. Aucune « herméneutique » n’a fonctionné pour recoller les morceaux du vase brisé. Le message missionnaire de l’Église n’a cessé de s’évaporer, en même temps que s’amenuisait le nombre de ses prêtres, de ses fidèles. En outre, le style d’action du pontificat de François a provoqué un chaos généralisé.
C’est donc, plus que jamais, le retour à l’unité qui est demandé au nouveau pape, homme de réflexion, de prière, d’écoute attentive, par ailleurs homme impénétrable. Mais quelle unité ? Celle dont rêvent ceux qui l’ont porté au pontificat, tous du sérail conciliaire, qui plus est en sa tonalité bergoglienne, à savoir un consensus apaisé incluant l’adhésion aux grands « acquis » ? Ou bien l’unité autour de la parole de Dieu, « efficace et plus incisive qu’aucun glaive à deux tranchants » (He 4, 12) ?
Dans les tout derniers jours qui précédèrent l’entrée en conclave du mois de mai, les journalistes italiens notaient que le cardinal Prevost, prélat de soi sérieux et réservé, dont le nom était donné par les mieux informés comme celui qui allait « sortir », semblait être devenu particulièrement soucieux. On l’eût été à moins. La perspective de prendre en charge le gouvernement d’une Église en l’état où elle se trouve ne pouvait que faire trembler.
Les cardinaux faiseurs de rois avaient cherché un homme de continuité, mais dans la différence. Malgré quelques frictions passées, le pape Bergoglio avait su déceler les qualités de ce religieux augustin. Car on ne peut pas enlever à François d’avoir eu un charisme, un flair de chef, y compris sur ce point, à savoir celui d’être capable de se préparer un continuateur différent, apaisant. Il a élevé aux plus hautes charges en fort peu de temps Robert Francis Prevost, qu’il avait vraiment repéré en 2018 lors de sa visite apostolique au Pérou. Il donna à l’administrateur apostolique (2013) puis évêque (2014) de Chiclayo en 2023 le poste de Préfet du Dicastère des Évêques, autrement dit la charge essentielle dans le gouvernement romain de faiseur d’évêques – et aussi de défaiseur d’évêques –, plus essentielle encore sous le pontificat de François qui, avec une volonté politique déterminée, s’est appliqué à renouveler le corps épiscopal comme le collège cardinalice. Moins de deux ans avant son élévation au trône de Pierre, Mgr Prevost devenait Préfet, cardinal, Président de la Commission pontificale pour l’Amérique latine [1].
Avec Prevost, plus péruvien qu’étasunien, c’était l’Amérique latine à la Curie. À ses côtés était un personnage-clé, le très influent Mgr Ilson de Jesus Montanari, prélat brésilien de 65 ans, Secrétaire du Dicastère pour les Évêques, fonctionnaire efficace, bergoglien du cercle rapproché, nommé par François dès 2013. Il supervisait – il supervise encore à ce jour – la préparation des dossiers des évêques à nommer et de ceux à écarter, devenant en outre, parce que Secrétaire du Dicastère pour les Évêques, Secrétaire du Collège des cardinaux et par le fait appelé à être le secrétaire du conclave. François l’avait nommé en outre vice-camerlingue de l’Église (le camerlingue en l’espèce le cardinal Kevin Farrell, dirigeant les choses temporelles durant la vacance du Siège). Au total, Montanari, qui était devenu une sorte de secrétaire exécutif du gouvernement bergoglien, a joué un rôle pivot dans la période de Siège vacant et devrait normalement devenir cardinal lors de la première promotion que fera Léon XIV.
Il semble bien que les cardinaux d’Amérique latine aient joué un grand rôle parmi ceux qui ont propulsé le cardinal Prevost. Le cardinal Versaldi, ancien Préfet de la Congrégation pour l’Éducation, a aussi préparé ses voies vers le pontificat. Le cardinal Hollerich a-t-il négocié, après le premier scrutin, le désistement de Pietro Parolin en faveur de Robert F. Prevost, ce qui lui a assuré une élection foudroyante ? Après l’élection, Lucio Caracciolo, directeur de la revue de géopolitique Limes, présentait le nouveau pape comme celui choisi pour écarter le risque de désintégration du catholicisme [2]. Et Alberto Melloni, historien, chef de file de l’école de Bologne, soulignait la capacité qu’on lui prêtait d’« apaiser les tensions », de « lisser les aspérités [3]. »
Le 4 mai, quatre jours avant l’élection, le P. Antonio Spadaro sj, du Dicastère pour la Culture et l’Éducation, ancien directeur de La Civiltà Cattolica, avait écrit dans un article programme de La Repubblica, « Le véritable défi n’est pas l’unité mais la diversité », article que nous avons déjà cité [4] : « Engageons-nous à faire de nos différences un laboratoire d’unité et de communion, de fraternité et de réconciliation, afin que chacun dans l’Église, avec son histoire personnelle, apprenne à marcher avec les autres [5] ». L’Église, comme n’importe quelle réalité collective, ne peut plus « s’exprimer de manière uniforme et monocorde », disait Spadaro, « la cohésion ne peut être cherchée dans l’uniformité, mais dans la capacité d’accueillir et d’harmoniser la multiplicité. »
Il est probable que Léon XIV a une conception moins extensive de la multiplicité harmonisable qu’Antonio Spadaro, mais c’est bien dans ce but, d’harmoniser, d’apaiser, qu’il a été porté au Souverain Pontificat. Son premier message, au soir de son élection, contenait dix fois le mot « paix », invitant à « construire des ponts par le dialogue, par la rencontre. » Le style et le vocabulaire beaucoup plus spirituels que ceux de son prédécesseur, soulignaient cette volonté d’apaisement. Il y a dans le personnage un mélange heureux de simplicité, de proximité des gens, et de désir d’incarner la fonction avec ses attributs symboliques.
L’assurance donnée par Prevost que l’engagement de l’Église dans le processus synodal se poursuivrait a largement joué dans son élection. Continuité, par conséquent, mais stabilisée par un recentrement canonique et spirituel. Par exemple, le P. Alberto Royo Mejía, historien des saints contemporains, promoteur de la foi au Dicastère pour la Cause des Saints, est très apprécié par le nouveau pontife, ou le P. Clodovis Boff, franciscain du Brésil, qui fut un des grands noms de la théologie de la libération avec son frère Leonardo, ce dernier depuis sorti de la cléricature. Un mois après l’élection, le 13 juin, Clodovis Boff adressait une lettre ouverte à tous les évêques du CELAM, le Conseil Épiscopal Latino-Américain [6], dont venait de s’achever la 40ème assemblée ordinaire à laquelle Léon XIV avait adressé un message. Clodovis les apostrophait sur le thème : avez-vous bien compris ce que vous demandait le pape ? « Vous, évêques du CELAM, répétez toujours la même vieille histoire : sociale, sociale et sociale. Et vous le faites depuis 50 ans. » Et il leur demandait de donner « la bonne nouvelle de Dieu, du Christ et de son Esprit », celle de « la grâce et du salut », de « la prière et de l’adoration, de la piété envers la Mère du Seigneur » et autres thèmes similaires.
Il faut saisir la complexité des positionnements et se rendre compte qu’on ne s’éloigne pas ici de la ligne Bergoglio. Clodovis Boff, en 2007, lorsque s’était réunie la 5ème conférence générale de l’épiscopat latino-américain au sanctuaire marial brésilien d’Aparecida, avait participé avec l’archevêque de Buenos Aires, le cardinal Jorge Bergoglio, qui présidait la commission chargée de rédiger les conclusions de la conférence, à l’offensive contre le « réductionnisme socialisant » de la théologie de la libération. Car contrairement aux approximations, Jorge Bergoglio le péroniste, était anti-marxisant.
Une libéralisation de la liturgie traditionnelle comme étape ?
Si Léon XIV l’indéchiffrable est destiné à « apaiser les tensions », un espace plus grand de liberté pourrait s’ouvrir pour toutes les tendances, de manière contrôlée, au terme de prudentes attentes. Mais tous l’espèrent, aussi bien les prélats allemands, dirigés par le très progressiste Mgr Georg Bätzing, évêque de Limbourg, que les tenants de la liturgie traditionnelle.
Que la liturgie traditionnelle obtienne un peu d’air pour respirer est d’autant plus plausible qu’il sera plus facile à Léon XIV d’accorder à ceux qui y sont attachés des libertés qui pourront s’analyser comme des tolérances apaisantes, des ponts jetés pour accueillir tout le monde, sans qu’il ait à prendre position sur le fond. Il est vrai qu’en France, un bon nombre d’évêques pour lesquels le monde traditionnel est perçu comme une concurrence insupportable, n’y est pas prêt et s’en tient à une ligne au maximum réductionniste. Leur volonté de réduire le plus possible la présence dans leur diocèse d’un clergé spécialisé dans la liturgie ancienne et pouvant apporter tous les autres soins pastoraux et catéchétiques persistera, même si le rapport de forces devient progressivement plus favorable au rite ancien, par exemple dans les villes de province.
En fait, si Léon XIV, conciliaire sans états d’âme, n’a pas la proximité qu’avait acquise Benoît XVI avec une part du monde traditionnel, sa volonté de pacification pourrait rejoindre celle des tenants d’un libéralisme « de gauche ». Le cardinal Matteo Zuppi, archevêque de Bologne, président de la Conférence épiscopale italienne, membre important de la Communauté Sant’Egidio, est un bon exemple d’une ouverture de ce type, que l’on peut rapprocher de la pensée du P. Spadaro. Ce dernier allait jusqu’à saluer, dans l’article cité plus haut, le fait que le pape François ait concédé des possibilités sacramentelles officielles à la Fraternité Saint-Pie-X. Quant au cardinal Zuppi, il n’a pas hésité à célébrer pontificalement dans le rite ancien, et est même allé jusqu’à présider, en 2022, la cérémonie d’ouverture du pèlerinage Summorum Pontificum à Rome. À la différence des évêques français qui préféreraient voir les traditionnels rejoindre le monde lefebvriste, Zuppi (et Léon XIV ?) considère qu’il vaut mieux que les utilisateurs de la liturgie traditionnelle restent « dedans », plutôt que se développer « dehors » de manière incontrôlable.
Le nouveau pontificat peut-il d’ailleurs éviter de donner une plus grande liberté, non seulement aux traditionnels, mais plus largement à ce que l’on nomme avec quelque exagération « les forces vives de l’Église », l’ensemble des tendances catholiques qui aujourd’hui remplissent les églises de fidèles, notamment de jeunes, de familles nombreuses, qui produisent des vocations sacerdotales et religieuses, qui provoquent des conversions, en France, par exemple, la communauté de l’Emmanuel, la Communauté Saint-Martin, quelques monastères de religieux et religieuses contemplatifs florissants ?
Il y a cependant un paradoxe, voire un risque, pour ceux qui réclament la liberté de la liturgie traditionnelle et du catéchisme traditionnel, à se voir ainsi accorder une permission de catholicité liturgique et doctrinale. Nous avons eu déjà l’occasion d’invoquer l’exemple de la situation paradoxale qui s’était dessinée au XIXe siècle, dans le système politique français, où les partisans les plus fermes de la Restauration monarchique, ennemis dans le principe des libertés modernes apportées par la Révolution, luttaient en permanence pour qu’on leur laisse un espace de vie et d’expression, liberté de la presse, liberté de l’enseignement. Toutes choses égales, dans le système ecclésial du XXIe siècle, de manière immédiate en tout cas, un desserrement du despotisme idéologique de la réforme pourrait être bénéfique.
Mais plutôt que de s’inquiéter du risque pour l’opposition à la réforme liturgique que comporterait la plus grande liberté dont elle pourrait bénéficier, il faut surtout considérer que, possiblement profitable à court ou moyen terme pour cette opposition, elle ne peut être, en définitive, que radicalement insatisfaisante.
En attendant Pie XIII…
« Le contenu de ses déclarations [du pape Léon] impliquent fortement qu’il a l’intention de continuer sur le chemin du pape François de construire une Église synodale. Léon a indiqué que l’accord du Vatican avec la Chine sur la nomination des évêques se poursuivra. Il a également continué à promouvoir l’encyclique Laudato Si’ de François et l’appel de son prédécesseur à prendre soin de la création. Léon s’est inspiré du message pastoral de l’exhortation de François Amoris Laetitia, qui a été très décrié par les critiques, en disant que promouvoir la rencontre avec Dieu « ne consiste pas à donner des réponses hâtives à des questions difficiles, mais à s’approcher des gens, à les écouter et à essayer de comprendre » [7]. » Léon XIV, c’est un fait, est en charge de l’héritage de François. Cet héritage, conciliaire sur le fond, si l’on laisse de côté la synodalité qui résiste à tout essai de définition précise et l’engagement écologique, se résume à trois textes : Amoris lætitia et Fiducia supplicans, sur la morale du mariage, Traditionis custodes à propos de la liturgie traditionnelle.
Concernant la morale du mariage, on sait que Léon XIV est hostile aux bénédictions de couples de même sexe. Mais il faut savoir que les bénédictions de couples irréguliers permises par le n. 31 de la déclaration Fiducia supplicans [8] concernent essentiellement des divorcés « remariés ». Les quelques couples homosexuels qui demandent une bénédiction cachent la forêt des couples adultérins qui font pression sur les prêtres de paroisse pour avoir une bénédiction faisant office de « mariage à l’église », et qui en de nombreux cas l’obtiennent. En fait, Fiducia supplicans corrobore l’exhortation apostolique Amoris lætitia, qui est incontestablement une approbation de la dégradation du mariage catholique. Toute la difficulté d’Amoris lætitia se concentre dans le n. 301 [9], duquel on pourrait tirer la proposition suivante : Certains de ceux qui vivent dans l’adultère, même s’ils connaissent la norme qu’ils transgressent, peuvent n’être pas en état de péché mortel. Léon XIV est censé assumer cet enseignement bergoglien qui attente gravement à la sainteté du mariage. Le contourner de manière habile, indirecte, ne suffira pas à l’infirmer. Il va avoir nécessairement à l’approuver ou à l’annuler.
Car l’Église est dépositaire du contenu de la Révélation et de la doctrine de foi et mœurs à laquelle il est nécessaire d’adhérer pour être sauvé. Son unité se fait autour de cette doctrine que sont mandatés pour enseigner le Pape, Successeur de Pierre, et les évêques, successeurs des Apôtres. On ne saurait se contenter, en guise de défense de la foi, de déclarations qui atténueraient telle hétérodoxie ou la contrebalanceraient par des enseignements contraires qui laisseraient cependant subsister l’enseignement vicié. Il est nécessaire, de nécessité de salut pour les âmes, d’extirper l’enseignement faux.
Ces nœuds formés par le pape François ne sont-ils pas paradoxalement providentiels ? L’obligation, si elle est remplie par Léon XIV, de trancher à propos cet héritage bergoglien donnerait l’occasion de revenir à un magistère de pleine autorité, départageant au nom du Christ le vrai du faux sur toutes les questions controversées de morale familiale, d’œcuménisme, etc. Distinguant non seulement ce qui est catholique de ce qui ne l’est pas, mais ceux qui sont catholiques de ceux qui se disent catholiques et ne le sont pas. Sinon, on continuera à ne pas savoir où est le dehors et où est le dedans d’une Église submergée par une sorte de néo-catholicisme sans dogme.
Concéder la liberté de la tradition liturgique et de tout ce qui va avec, est certes éminemment souhaitable, mais comme palier. La véritable médecine que le peuple chrétien est en droit d’attendre du pape est le service de l’unité comme telle, service positif par la définition des vérités à croire, négatif par la condamnation des erreurs à rejeter. Car si la règle objective de la foi unique est la Parole de Dieu, c’est le magistère du pape seul ou du pape et des évêques unis à lui qui fait connaître le contenu du message de la Révélation et qui fait obligation d’y adhérer. La charge du Successeur de Pierre n’est-elle pas de confirmer ses frères (Lc 22, 31-32) ? Ses frères évêques en premier. C’est d’ailleurs à ses frères dans l’épiscopat qu’il revient de l’interroger, de le solliciter et même de le devancer dans les précisions doctrinales et les condamnations, sous l’arbitrage ultime de sa parole définitive de Successeur de Pierre.
Pour ce grand retour à l’exercice du magistère ordinaire et universel – et éventuellement du magistère solennel – en lieu et place de ce magistère autolimité qu’est le magistère pastoral, le problème extrêmement sensible et irritant qu’est la querelle liturgique pourrait jouer un rôle décisif. Du fait du pape Bergoglio, la question est devenue très simple : toute la démarche répressive de Traditionis custodes se fonde en effet sur son article 1 : « Les livres liturgiques promulgués par les Saints Pontifes Paul VI et Jean-Paul II, conformément aux décrets du Concile Vatican II, sont la seule expression de la lex orandi du Rite Romain. » L’adage lex orandi, lex credendi, forgé à l’époque de la crise pélagienne à propos de la puissance de la grâce veut dire qu’on trouve dans les prières de l’Église des formules qui expriment ce qu’elle croit.
L’adage vaut très généralement [10]. Selon Traditionis custodes, du fait de la réforme, la liturgie romaine d’avant cette réforme aurait donc perdu son statut de lex orandi. Répétons-le : il est éminemment souhaitable que le nouveau pape accorde directement ou indirectement à cette liturgie davantage de liberté. Mais cela accordé, il restera que la proposition suivante est désormais enseignée dans l’Église : Les livres liturgiques en vigueur avant la réforme de Paul VI n’expriment pas la lex orandi du Rite Romain. La question que le magistère de l’Église est désormais en charge de trancher est la suivante : cette proposition est-elle vraie ou fausse ? Dans la seconde hypothèse elle doit être condamnée. Avec les conséquences qui vont en résulter.
Abbé Claude Barthe
https://www.resnovae.fr/leon-xiv-un-pontificat-detape/
[1] On n’est pas obligé de prendre pour parole d’Évangile les révélations que Helder Red a soutiré à un cardinal au lendemain du conclave et qu’il rapporte dans RomaToday, une des éditions du quotidien en ligne Today, le 21 juillet 2025, mais elles correspondent bien au discours des bergogliens : « Prevost était le seul candidat de Bergoglio. Peu de temps avant sa mort, ce vieux chef argentin a appelé tous les cardinaux en qui il pouvait avoir confiance et leur avait dit : « S’il vous plaît, après moi, c’est au tour de l’Américain. Missionnaire, augustin, sera ce qu’il y a de meilleur pour l’Église universelle ». […] Il fallait un « normalisateur », quelqu’un qui rassurerait la Curie, même s’il ne faisait pas partie de la Curie, qui rassurait les progressistes, n’étant pas traditionaliste, et qui rassurait les traditionalistes, parce qu’il était perçu comme un modéré. […] Bref, il fallait quelqu’un qui s’unisse, si vous voulez même avec un peu de grisaille, mais après le feu d’artifice, un peu de silence c’est bien aussi. […] C’est le meilleur choix, certainement moins pétillant, mais nous avons besoin de quelqu’un qui consolide les épaules de François, nous avons besoin d’un Paul VI qui rassure et confirme. Lui, Prevost, est une personne digne, très sérieuse, serviable, missionnaire dans l’âme. »
[2] Entretien dans La Repubblica, 10 juin 2025.
[3] Le Monde, tribune, 10 mais 2025.
[4] Res Novae, 8 mai 2025.
[5] Léon XIV, homélie du 29 juin, Zenit, 30 juin 2025.
[6] Carta-ao-CELAM-Frei-Clodovis-Boff.pdf.
[7] Mike Lewis, « Projecting on the Pontiff: Pope Leo’s “Shift in Tone” », Where Peter Is, 19 juillet 2025.
[8] « Dans l’horizon ainsi tracé, il est possible de bénir les couples en situation irrégulière et les couples de même sexe, sous une forme qui ne doit pas être fixée rituellement par les autorités ecclésiales, afin de ne pas créer de confusion avec la bénédiction propre au sacrement du mariage. Dans ces cas, on donne une bénédiction qui n’a pas seulement une valeur ascendante, mais qui est aussi l’invocation d’une bénédiction descendante de Dieu lui-même sur ceux qui, se reconnaissant indigents et ayant besoin de son aide, ne revendiquent pas la légitimité de leur propre statut, mais demandent que tout ce qui est vrai, bon et humainement valable dans leur vie et dans leurs relations soit investi, guéri et élevé par la présence de l’Esprit Saint. »
[9] « Pour comprendre de manière appropriée pourquoi un discernement spécial est possible et nécessaire dans certaines situations dites ‘‘irrégulières’’, il y a une question qui doit toujours être prise en compte, de manière qu’on ne pense jamais qu’on veut diminuer les exigences de l’Évangile. L’Église a une solide réflexion sur les conditionnements et les circonstances atténuantes. Par conséquent, il n’est plus possible de dire que tous ceux qui se trouvent dans une certaine situation dite ‘‘irrégulière’’ vivent dans une situation de péché mortel, privés de la grâce sanctifiante. Les limites n’ont pas à voir uniquement avec une éventuelle méconnaissance de la norme. Un sujet, même connaissant bien la norme, peut avoir une grande difficulté à saisir les « valeurs comprises dans la norme » ou peut se trouver dans des conditions concrètes qui ne lui permettent pas d’agir différemment et de prendre d’autres décisions sans une nouvelle faute. »
[10] Par exemple, l’enseignement du Concile de Trente sur la messe comme « vrai et authentique (verum et proprium) sacrifice » (Dz 1751) a son équivalence dans une accumulation de prières sacrificielles de la messe romaine en vigueur jusqu’à Vatican II.