Notre lettre 973 publiée le 4 novembre 2023
FETE DU CHRIST ROI A LOURDES
AVEC LA FRATERNITE SAINT-PIE-X
COMPTE-RENDU
ET UN ENTRETIEN
AVEC l'ABBE DUVERGER
Notre amie Anne Le Pape, qui a participé au pèlerinage annuel à Lourdes organisé par la Fraternité Saint Pie X à l'occasion de la fête du Christ Roi, nous en fait un compte-rendu complété par une interview de l'Abbé Duverger, assistant du District de France.
Samedi 28 octobre, 14 heures : moment impressionnant que celui où le flot des pèlerins arrive pour le chapelet qui précède la messe solennelle des saints apôtres Simon et Jude et emplit peu à peu l’immense vaisseau de béton de la basilique Saint-Pie X . La cérémonie commence dans une nef pleine à craquer. L’abbé Louis-Marie Berthe rappelle fort opportunément dans son sermon que les fidèles ne sont pas là pour faire du tourisme ou s’adonner aux mondanités, mais pour parler du fond du cœur à la Vierge et lui confier leurs épreuves. Elle saura dire à chacun la parole chargée de grâces qui lui conviendra. Mais n’oublions pas que, pour tous ici-bas comme pour Bernadette, le message est celui de la croix - message trop souvent occulté, évacué de la vie catholique, comme sa cause, le péché.
Les malades ou les pèlerins fatigués se rendent ensuite au chemin de croix sur la prairie. Pour les prêtres, c’est tout un art d’organiser, pour les autres fidèles, les trois chemins de croix qui se succèdent sur la colline des Espélugues : les méditations de l’un ne doivent pas interférer avec celui du suivant.
George, un pèlerin interrogé à l’issue de l’un d’eux, explique : « Nous venons régulièrement, ma femme et moi, depuis quelques années, à Lourdes avec ce pèlerinage que nous apprécions particulièrement. Nous n’allons plus à Chartres, car nous avons l’impression que, passé vingt ans, on n’y est plus à sa place ! Alors nous nous sommes réfugiés à Lourdes. Mais on y trouve finalement beaucoup de jeunes, ce qui nous a beaucoup étonnés. C’est un pèlerinage extraordinaire de foi, qui ressource, comme on dit aujourd’hui. »
Contrairement aux années précédentes, les autorités du sanctuaire n’ont pas autorisé, cette année, la Fraternité à organiser une procession aux flambeaux.
Dimanche 29 octobre, l’abbé de Jorna, supérieur du district de France, célèbre la messe du Christ Roi. Il parle avec chaleur de la lumière que nous apporte Marie au milieu des ténèbres qui obscurcissent notre monde et reprend les paroles de saint Bernard nous engageant à faire appel sans relâche à notre « Étoile de la mer ». Renvoyant dos-à-dos le faux œcuménisme et la récente synodalité, il insiste sur l’importance de venir à Lourdes manifester notre foi dans le grand mystère de l’Incarnation. Marie, la plus belle des pures créatures, manifeste bien qu’il n’existe pas d’égalité dans l’ordre de la grâce. Impossible de renverser la structure pyramidale de l’Église…
A la fin de la messe, les fidèles se rendent en procession à la Grotte pour réciter le chapelet et assister au renouvellement de la consécration de la Fraternité Saint-Pie X au Christ Roi.
L’après-midi, les fidèles, d’abord réunis dans la basilique, la quittent pour la procession du Saint-Sacrement, en rangs serrés, au chant du Lauda Jerusalem puis du Lauda Sion, entonnés par des milliers de voix. La foule s’étend sur toute la longueur des rampes qui mènent à la basilique Notre-Dame du Rosaire et des allées de l’esplanade d’entrée du sanctuaire. Puis ont lieu les vêpres.
Une démonstration de liturgie anti-synodale ?
Aux vêpres de l’après-midi, l’encensement reste un symbole : le chapier le plus important encense le célébrant, puis confie l’encensoir à un autre chapier au rôle moins important. Celui-ci, à son tour, encense les autres chapiers, le chœur des clercs en commençant par le supérieur, puis le clergé non prêtre. Il remonte à sa place et confie l’encensoir au thuriféraire qui l’encense et encense ensuite les cérémoniaires et les acolytes. Au bout des dix minutes durant lesquelles tout cela a eu lieu, le thuriféraire… donne quelques coups d’encens en direction des 8 000 fidèles !
L’adoration du Saint-Sacrement commence dans le plus profond silence, malgré le nombre de participants : jeunes familles souvent accompagnées des grands-parents, catholiques de tous âges, élèves des dominicaines, scouts…
Pourquoi venir à Lourdes ? Demande-t-on à Jacques, le pèlerin qui se trouve à nos côtés. « Parce que l’on y trouve les grâces dont nous avons besoin, et aussi pour se remettre dans les pas des générations qui nous ont précédés... aussi j’y viens chaque année, depuis 23 ans. Si je ratais le pèlerinage, cela me manquerait beaucoup ! »
Le soir, ceux qui le désirent peuvent venir adorer le Saint-Sacrement qui reste exposé toute la nuit.
Le lundi 30 octobre voit la clôture du pèlerinage avec la messe solennelle de Notre-Dame de Lourdes, célébrée par l’abbé Vaillant. Au chapelet qui suit, à la Grotte, la pluie s’invite - juste pour faire apprécier aux pèlerins le beau temps qui les a gâtés les jours précédents.
Anne Le Pape
Un point avec l’abbé Duverger, Assistant de District
Anne Lepape : Etes-vous content du nombre de pèlerins, Monsieur l’abbé ?
Abbé Duverger : Oui, c’est une bonne année, avec un chiffre un peu plus important que l’année dernière : les autorités du sanctuaire nous ont confirmé le chiffre de 8 000 pèlerins. Ce qui correspond à la réelle augmentation des fidèles dans nos prieurés depuis le covid : il s’agit des gens qui nous ont découverts par internet et qui, scandalisés par l’absence de prêtres et l’arrêt des offices, ont cherché ailleurs et ont trouvé des vidéos ou ont assisté aux messes publiques.
Anne Lepape : Combien de prêtres de la Fraternité sont venus cette année ?
Abbé Duverger : Nous avions 30 à 35 prêtres inscrits, qui avaient pu se dégager de l’apostolat du dimanche, ce qui n’est jamais simple. Ceux des écoles sont un peu plus libres aux vacances.
Anne Lepape : Pourquoi l’interdiction de votre procession aux flambeaux ?
Abbé Duverger : L’évêque ne voulait cette année qu’une seule procession sur le sanctuaire. On verra l’année prochaine. C’est assez paradoxal : les évêques ne veulent par exemple qu’une seule procession pour marquer l’unité, en signe de communion, mais certains nous interdisent les églises et disent que nous sommes hors communion.
Anne Lepape : Ce n’est pas ce que dit le Pape ? Il vous autorise officiellement à confesser et à marier, par exemple ?
Abbé Duverger : Certains évêques aujourd’hui en sont à nous donner délégation pour le mariage, mais à nous interdire la messe traditionnelle dans l’église où doit être célébré ce mariage. On voyage en Absurdie !
Anne Lepape : N’est-ce pas un des plus gros pèlerinages à Lourdes ?
Abbé Duverger : Oui, je pense. Il s’agit de notre pèlerinage national, c’est un peu différent d’un pèlerinage diocésain. Si on considère que la Fraternité est un gros diocèse, c’est sans doute le plus gros pèlerinage diocésain. C’est un pèlerinage très apprécié, notamment grâce aux facilités que nous donne le sanctuaire, qui nous permettent un pèlerinage paisible, calme, sympathique, transgénérationnel. Les sacristains se mettent à notre service, les ornements sont ceux du sanctuaire, tout est préparé. On peut avoir une garde toute la nuit pour permettre aux pèlerins de venir à l’adoration. Nous sommes très reconnaissants aux gens du sanctuaire, qui apprécient notre pèlerinage ordonné, pieux, paisible…
Propos recueillis par Anne Le Pape