Notre lettre 903 publiée le 5 décembre 2022

LA LITURGIE TRADITIONNELLE
ET LE PELERINAGE
NOTRE DAME DE CHRETIENTE
DANS LE MONDE HISPANIQUE

Nous publions aujourd’hui le texte de la communication que notre amie Trinidad Dufourq a prononcée lors de la 7ème journée Pax Liturgica qui s’est tenue à Rome le vendredi 28 octobre 2022 en préambule de notre 11ème pèlerinage Summorum pontificum. Ce témoignage exceptionnel vient confirmer non seulement la dimension universelle de l’attachement des fidèles  catholiques à la liturgie traditionnelle mais aussi et surtout sa croissance au moment où se pose pour eux la question des raisons de cet attachement qui, vous allez le voir, prend en Argentine des allures d’enthousiasme.


C’est pour moi un grand honneur et une immense joie que d’être ici et d’avoir été invitée pour parler de l’éclipse et de la renaissance de la liturgie traditionnelle en Argentine ainsi que du pèlerinage Notre-Dame de Chrétienté dans le monde hispanique. Cette liturgie traditionnelle qui nous réunit tous aujourd’hui, en tant que pèlerins venus exprimer notre gratitude pour le motu proprio Summorum Pontificum auprès du tombeau de l’Apôtre Saint Pierre.



En fait, j’aurais dû venir il y a deux ans, mais à cause des difficultés connues de tous, je n’ai pas pu le faire. À ce moment-là, en 2020, la situation du populus Summorum Pontificum était tout autre ; celui-ci profitait encore de la trêve qu’ont été les 14 années écoulées entre 2007 et 2021. Il est quand même incroyable que nous soyons ici aujourd’hui et notre situation est bien meilleure qu’elle ne l’était avant le motu proprio de Benoît XVI. Dans les années antérieures à 2007, ce pèlerinage auquel participent des fidèles du monde entier attachés au rite traditionnel pour la messe solennelle qui sera célébrée demain dans la basilique Saint Pierre aurait été impensable.

En effet, si en 2005, lorsque le pape Benoît XVI fut élu, on m’avait demandé de parler sur la liturgie traditionnelle en Argentine, j’aurais dû refuser la proposition puisqu’à l’époque celle-ci n’existait pratiquement pas. Jamais je n’aurais imaginé que 17 ans plus tard je serais en plein cœur de Rome, avec des représentants du peuple Summorum Pontificum venus des quatre points de la planète, pour partager avec vous la réalité de la vigueur et des perspectives du mouvement né grâce au motu proprio en Argentine et dans bien d’autres pays.

Je crois que l’histoire de la survie et de la renaissance de ce rite doit être à peu près la même presque partout, à l’exception des pays tels que la France, les États-Unis, l’Angleterre et l’Allemagne.



L’Argentine fait partie du monde hispanophone ; nous avons reçu la foi de l’Espagne, cette nation qui, après sept longs siècles de reconquête de son territoire et de sa foi, s’est lancée dans l’évangélisation de nouveaux mondes, en Amérique et jusqu’en Asie, sur les îles Philippines. Il est important de signaler les origines de notre foi car elle présente des caractéristiques semblables à celles de l’Espagne, dont l’un des traits a été la fidélité à Rome.


Le contexte argentin dans les années qui précèdent et qui suivent le Concile Vatican II


Ayant présent à l’esprit cet aspect, voyons quel était le contexte argentin dans les années qui ont précédé et celles qui ont suivi le Concile. Avant le Concile, la majorité de la population était catholique, par tradition familiale et culturelle ; l’assistance à la messe était assez faible par rapport au nombre des baptisés. La vie liturgique de ceux qui allaient à la messe variait : il y a eu, comme presque partout, une grande diffusion des missels bilingues à partir du début du XXe siècle, mais en même temps, au moins dans les années 50, dans quelques écoles salésiennes, pendant la messe les élèves écoutaient la lecture de « La jeunesse instruite de la pratique de ses devoirs », écrit par Saint Jean Bosco. La messe à laquelle assistaient les fidèles était pour la plupart la messe basse et dès le pontificat de Pie IX, la messe dialoguée. Rares étaient les occasions d’écouter une messe chantée et encore moins, solennelle. Les fidèles étaient habitués à obéir en tout à la hiérarchie, représentée sur le terrain par le curé.

Après le Concile, l’Église argentine a continué à être conservatrice et fidèle, dans les grandes lignes, à la doctrine classique, traditionnelle et thomiste.



Les Argentins étaient encore dans leur grande majorité, catholiques, même si le pourcentage de pratiquants était faible. Malheureusement, dans beaucoup de pays d’Ibéro-Amérique, le Brésil y compris, leur nombre a chuté de manière spectaculaire. Et cette tendance continue, probablement, après la reprise du culte public suite aux restrictions imposées lors du Covid 19.



En résumé, la mentalité du catholicisme argentin ressemblait à celle espagnole : très respectueuse de l’ordre et de l’autorité de Rome en particulier. En exagérant à peine, le dogme de l’infaillibilité pontificale comprenait non seulement tous les actes et les déclarations des papes, mais aussi des évêques et des prêtres.

Cependant, l’application du Concile a été plutôt modérée et contrairement à ce qui s’est passé en Europe, elle n’a pas provoqué trop de réactions. La hiérarchie a cherché à ne pas se couper des fidèles de paroisse, en appliquant les réformes cultuelles et doctrinales de manière graduelle.



La distribution de la communion sur les lèvres en est un exemple. En 1968, le pape Paul VI a décidé de consulter les évêques du monde entier à propos de l’attitude à prendre face à l’abus que constituait la communion dans la main. Dans sa réponse, l’épiscopat argentin s’interrogeait sur la pertinence de mettre aux voix une violation de la discipline. Avec ce même critère, disait-il, il fallait mettre à délibération la récitation du Bréviaire, le contrôle de la natalité, le célibat, etc. Il considérait que cette enquête contribuait à la politique du fait accompli et à sa légalisation. Il faudra attendre 28 ans, en 1996, et cette fois à l’initiative de l’épiscopat lui-même, pour que cette pratique abusive ne soit introduite en Argentine, malgré le fait que cette idée n’était jamais venue à la tête des fidèles, ni progressistes ni conservateurs. Seul un évêque a continué à appliquer la discipline traditionnelle, c’est-à-dire, la communion sur les lèvres suivant les dispositions de l’Instruction Memoriale Domini de Paul VI : Mgr Laise, évêque de San Luis, auteur justement d’un livre sur la Communion dans la main, qui a célébré la messe lors du pèlerinage Summorum Pontificum en 2015.



Ainsi, « l’obéissance » des Argentins fit qu’au moment de l’instauration de la messe de Paul VI presque tous les prêtres avaient adopté le nouveau rite, à la différence de ce qui arriva en Espagne, où de nombreux prêtres écrivirent une lettre à Rome pour demander l’autorisation de continuer à célébrer dans l’usus antiqiuor ; mais ils reculèrent quand on leur fit savoir que la volonté du pape était qu’ils acceptent la nouvelle messe. En Argentine, les fidèles dégoûtés des réformes n’avaient pas le choix. Quel qu’ait été leur nombre, ils n’avaient pas moyen d’exprimer leur désarroi ni un endroit où aller à la messe traditionnelle. Je connais des personnes qui n’ont pas vu d’un bon œil la réforme car elle allait à l’encontre de leurs habitudes de prière ; les motifs n’étaient donc pas toujours d’ordre doctrinal. Même les prêtres les plus traditionnels et quelques évêques préoccupés par la formation doctrinale et morale des séminaristes n’emmétrèrent pas d’objection vis-à-vis de la réforme liturgique. Ils adoptèrent les nouveaux rituels en langue vernaculaire, changèrent l’orientation du culte sans problèmes. Si la réforme venait de Rome, il n’y avait rien à dire.



C’est dans ce contexte que Mgr Lefebvre a visité deux fois l’Argentine. Tout d’abord en 1974, avant les sanctions, occasion à laquelle il a prêché des exercices spirituels dans le séminaire d’un diocèse conservateur, dont il avait rencontré l’évêque pendant la première séance du Concile Vatican II. Mais lorsque Mgr Lefebvre y est retourné en 1977, après avoir été suspendu, « son attachement à la messe traditionnelle » (présumée interdite par Rome) passa mal dans un pays conservateur qui était resté globalement orthodoxe et où l’obéissance à Rome est une tradition. La messe prévue dans la ville de Buenos Aires fui interdite par l’archevêque de l’époque et dut être célébrée dans une maison particulière, dans un diocèse voisin. Les médias qualifièrent Mgr Lefebvre, qui donna une conférence de presse, « d’évêque rebelle ».



Qui a accueilli Mgr Lefebvre lors de son deuxième voyage ? Des laïcs catholiques conservateurs et quelques séminaristes diocésains, perplexes face aux abus dans la liturgie et aux déviations dans la doctrine qui commençaient à percer. Les voyages « missionnaires » de Mgr Lefebvre auront néanmoins pour effet l’ouverture d’un séminaire de la fraternité Saint Pie X en 1981 (dont les séminaristes venaient de séminaires conservateurs diocésains) et l’ouverture de quelques centres traditionnels qui resteront longtemps assez marginaux. Comme dans d’autres pays, la FSSPX a été condamnée à l’ostracisme non seulement par les évêques qui la considéraient schismatique mais aussi par les laïcs conservateurs qui la rejetaient pour faire preuve ainsi de leur obéissance à Rome.


Ecclesia Dei et Summorum Pontificum


En 1988, suite à la consécration de quatre évêques par Mgr Lefebvre, est promulgué le motu proprio Ecclesia Dei. Il n’a pas beaucoup d’effet en Argentine, un pays où le mouvement traditionnaliste est presque inexistant. D’ailleurs, le contexte de sa publication éveille des méfiances, puisque ceux qui souhaitent se référer à Ecclesia Dei sont vus comme des schismatiques ou suspects d’avoir sympathisé avec un mouvement schismatique. Seul une poignée de fidèles présente des signatures pour demander à l’archevêque de Buenos Aires la célébration d’une messe traditionnelle dans le cadre de ce motu proprio, sans obtenir de réponse.

En 2004, ces mêmes fidèles adressent une nouvelle demande à l’évêque aux Armées qui l’accueille favorablement et commence à célébrer la messe dans sa cathédrale, située dans un lieu difficile d’accès. Cette messe fut célébrée pendant trois ans jusqu’à la retraite de cet évêque.

En résumé, le motu proprio Ecclesia Dei n’a presque pas eu d’écho chez les catholiques du pays.



En revanche, lorsque vingt ans plus tard le motu proprio de 2007 est publié, le contexte présente bien de différences par rapport à celui de 1988. En effet, depuis les années 90, l’Église argentine a beaucoup changé : de conservatrice elle viré au progressisme.

Dans ce contexte, et dégagée de toute suspicion de relation avec un schisme quelconque, la promulgation du motu proprio de Benoît XVI en 2007 a un retentissement bien plus considérable chez les fidèles et les prêtres qui apprennent son existence (la hiérarchie n’en a pas parlé, pas plus qu’il n’a été connu dans les séminaires). Mais en cette ère Internet, les nouvelles concernant la vie ecclésiastique ne relèvent plus de ce que disent les évêques ou les curés dans leurs prônes.



L’accueil favorable de la part des fidèles obéit d’une part au fait que le motu proprio s’inscrit dans l’herméneutique de la réforme dans la continuité, de la « réforme de la réforme », c’est-à-dire, la lutte contre les abus qui est naturellement vivant dans les secteurs conservateurs en Argentine, et ensuite car il donne l’aval de Rome à une évolution liturgique, la forme extraordinaire comme l’a appelée Benoît XVI, qui jusqu’alors apparaissait comme « interdite » et au moins « en désaccord » avec le pape.

En Argentine, ce mouvement sera pour l’essentiel diocésain (ou lié à des ordres comme celui des dominicains) car en dehors de la fraternité Saint Pie X il n’y a pas de communauté consacrée exclusivement à la liturgie traditionnelle.

Le fait que le mouvement soit diocésain a permis aux fidèles de paroisse de prendre contact avec la forme extraordinaire et d’y assister. Après la crise du Covid 19, pendant laquelle le culte public a été interdit comme presque partout ailleurs, il y a eu une diminution du nombre de lieux de culte traditionnel, situation que la publication du motu proprio Traditionis Custodes n’a pas contribué à améliorer.



La situation actuelle comparée à celle précédant le motu proprio Summorum Pontificum


Pour avoir une idée plus concrète, je vais vous communiquer quelques chiffres. En Argentine, il y a 66 diocèses. La messe traditionnelle est célébrée dans la moitié d’entre eux (31), au moins jusqu’à avant la pandémie. Dans ces diocèses où l’usus antiquior est célébré, il y avait au moins 54 centres de messe dont la moitié (29) relèvent de la FSSPX (y compris les chapelles où il n’y a qu’une messe par mois) et l’autre moitié (25), correspondent à des messes célébrées dans le cadre du motu proprio Summorum Pontificum.

Deux remarques sont à signaler


La première c’est que la liturgie traditionnelle est apparue dans 25 diocèses ou elle n’était pas célébrée avant Summorum Pontificum

La seconde est que le nombre des fidèles qui assistent à la messe des chapelles de la FSSPX a plus que doublé puisque c’est la seule option disponible dans bien de lieux. Il s’agit en fait de fidèles qui ont connu la messe ou ont commencé à y aller à partir du motu proprio Summorum Pontificum. Il faut dire que la « libéralité » de François envers la FSSPX a permis à beaucoup de catholiques conservateurs d’assister aux messes de cette fraternité sans scrupules. À cela il faut ajouter que suite aux restrictions pendant la pandémie et à l’imposition de la communion dans la main de manière exclusive, des fidèles désenchantés des paroisses ont commencé à assister la messe dans les chapelles de la  FSSPX.



Un autre fruit du motu proprio Summorum Pontificum a été la création d’écoles hors contrat qui ont adopté la liturgie traditionnelle (quoiqu’en Argentine ce type d’école ne soit pas reconnu par l’État). Par ce biais, plusieurs familles ont découvert cette richesse multiséculaire.

En ce qui concerne les prêtres, la messe traditionnelle n’est enseignée dans aucun séminaire ; les séminaristes et les prêtres doivent suivre une formation parallèle. Seul un institut religieux conservateur propose à ses membres la possibilité d’apprendre à célébrer l’ancien rite pendant leurs années d’études.


Les pèlerinages argentin et espagnol Notre-Dame de Chrétienté


Si les évêques ne se montraient pas enthousiastes pour autoriser la messe traditionnelle dans le cadre d’une paroisse sous le régime Summorum Pontificum, après le motu proprio Traditionis Custodes il n’y a pas trop lieu d’espérer de nouvelles autorisations. Mais, dans certains diocèses, celles qui existaient avant continuent et malgré les difficultés, durant les 14 ans écoulés depuis le motu proprio Summorum Pontificum la croissance a été considérable, comme l’illustre bien le pèlerinage Notre-Dame de Chrétienté à Luján né il y a à peine douze ans.



Il y a tout juste deux ans, le président de Notre-Dame de Chrétienté France, Jean de Tauriers, a parlé devant ce même auditoire de la dimension missionnaire et internationale du pèlerinage Paris-Chartes, qui a inspiré deux initiatives, l’une en Argentine, depuis 12 ans, et l’autre en Espagne, où cette année a eu lieu le deuxième pèlerinage.

uels ont été les débuts de ce pèlerinage en terres australes ? Un jeune argentin, Nicolás Stier Laxague, qui avait participé au pèlerinage Notre-Dame de Chrétienté entre Paris et Chartres a, à son retour, décidé d’organiser un pèlerinage semblable en Argentine : un pèlerinage dont l’axe serait la messe dans la forme extraordinaire.



Le premier eut lieu en 2010 : dix pèlerins ont exploré la route, sans faire aucun type de « publicité ». Il s’agissait d’une sorte d’étude de faisabilité du projet. Pendant trois jours ils ont parcouru les 100 km qui reliaient un village rural au principal sanctuaire marial d’Argentine, la basilique Notre-Dame de Luján, où est vénérée une petite statue de l’Immaculée Conception qui fit un miracle en 1630.

L’année suivante, en 2011, le deuxième pèlerinage réunissait 50 personnes, invitées de bouche à oreille. Depuis, ce pèlerinage a lieu tous les ans. 1500 pèlerins, de nombreux prêtres diocésains et quelques religieux qui assuraient la célébration de la messe et les confessions y ont participé cette année. Un progrès considérable en peu de temps, malgré les difficultés et les interdictions de l’évêque du lieu, comme nous le verrons.



Le pèlerinage a lieu aux alentours de la fête de l’Assomption de la Vierge, le 15 août. Dans l’hémisphère sud, c’est l’hiver ; il ne serait pas possible de le faire en été, en raisons des fortes chaleurs. Les deux premiers jours, la messe est célébrée en plein air. Le pèlerinage se terminait toujours par une messe solennelle dans la basilique qui abrite la statue miraculeuse de Notre-Dame de Luján, patronne de l’Argentine, du Paraguay et de l’Uruguay. Mais le nouvel évêque, depuis Traditionis Custodes, a refusé l’autorisation pour sa célébration et par conséquent, les deux dernières années elle a dû être célébrée en rase campagne.



Pour beaucoup de fidèles et de prêtres, c’est l’occasion de découvrir la liturgie traditionnelle. De la même manière que certains prêtres la célèbrent pour la première fois, un bon nombre de pèlerins n’y assistent pas régulièrement faute de célébration dans leur ville ou tout simplement, parce qu’ils ignorent totalement son existence. Dans cette dernière édition, en août 2022, la moitié des pèlerins ont assisté pour la première fois à la messe traditionnelle.

Je voudrais aussi signaler la dimension internationale du pèlerinage. En 2018, un groupe de 40 personnes venues du Paraguay y a participé ; en 2019, on a compté 7 pèlerins en provenance du Brésil. Et cette année, il y a eu aussi des Paraguayens.

La plupart des pèlerins sont des jeunes. 80 % environ ont moins de 28 ans : des étudiants secondaires ou universitaires en large partie. Des familles avec des enfants y participent également.



À quoi faut-il attribuer ce succès ? Les pèlerins eux-mêmes sont sans doute les meilleurs « zélateurs » de ce pèlerinage traditionnel. Mais d’autres facteurs expliquent la multiplication du nombre de participants.

D’un côté, une réaction face à une hiérarchie de plus en plus proche de la « théologie du peuple », mais de plus en plus éloignée de la doctrine et de la liturgie catholiques.


 


De l’autre côté, des faits qui se sont produits pendant le pontificat actuel ont ouvert les yeux de beaucoup de catholiques conservateurs qui, délaissant la « papolatrie » habituelle des catholiques argentins, ont commencé à douter des décisions pastorales de l’épiscopat et des curés. Ces catholiques conformes avec les pontificats précédents, du moins en matière morale et doctrinale, se sont posés des questions et ont commencé à chercher une liturgie cohérente avec la doctrine de toujours.

Je pense à tous ces jeunes qui formeront un jour une famille : ils voudront que leurs enfants vivent leur vie de foi dans un cadre traditionnel. Ils vont constituer et en fait, ils constituent déjà, une force qui cherche par tous les moyens la célébration régulière de la messe et tout ce qui va avec : le catéchisme, les sacrements, des amis qui partagent leur vision de la liturgie et de la foi. Pour cette jeune génération la messe « ancienne » est nouvelle. La bonne nouvelle…



Le titre de cette conférence fait référence au pèlerinage de Notre-Dame de Chrétienté dans le monde hispanique. Il est donc important de consacrer quelques mots au cas de l’Espagne et au pèlerinage de Notre-Dame de Covadonga, dans le nord de ce pays. Le premier a eu lieu en juillet 2021 et le deuxième en juillet de cette année. La date et le parcours ne pouvaient être plus symboliques : les cent kilomètres qui séparent Oviedo de Covadonga, là où Pelayo commença il y a 1300 ans la reconquête pour la Chrétienté de l’Espagne soumise à la domination musulmane, sont parcourus entre le 23 et le 25 juillet, solennité de l’Apôtre Saint Jacques, patron de l’Espagne.


Signalons que cette deuxième édition a réuni mille pèlerins, jeunes dans leur majorité, venus de tous les coins de l’Espagne. Les chapitres de « familles » regroupent de dizaines de jeunes couples dont les enfants ne constituent pas un obstacle à la marche ; au contraire ils les y incitent. Avec elles, des dizaines de prêtres et de séminaristes de plusieurs pays, y compris des États-Unis, mais aussi de la France et l’Argentine, et des organisations religieuses dont les différences se sont vues estompées dans la pratique, ont marché pendant ces trois jours animés qu’ils étaient d’une passion commune : la liturgie traditionnelle.



Pendant le pèlerinage, les prêtres ont administré le sacrement de confession et la messe a été célébrée en plein air. Le pèlerinage a culminé avec une messe solennelle dans la basilique de Notre-Dame de Covadonga, présidée par Mgr Alberto González Chaves et suivie avec ferveur par les pèlerins. Cette année, l’archevêque d’Oviedo, Mgr Jesús Sanz Monte en plus d’avoir autorisé la célébration, a béni les pèlerins avant le départ dans la cathédrale d’Oviedo, et son bureau de presse a divulgué et encouragé la participation des fidèles au pèlerinage. Attitude que nous ne pouvons que remercier et qui contraste avec celle prise par l’évêque de Luján, en Argentine.


J’en profite pour saluer les pèlerins espagnols présents aujourd’hui parmi nous et me réjouis avec eux pour ce pèlerinage, qui a réuni, dans sa deuxième édition, 1000 pèlerins, doublant ainsi le nombre de l’année dernière, et 60 prêtres, dont des diocésains et des membres d’instituts traditionnels.



Pour conclure, je me permets une brève réflexion : la diffusion de la messe traditionnelle et les pèlerinages Notre-Dame de Chrétienté en Argentine et en Espagne démontrent que lorsqu’il y a un tout petit groupe mais bien déterminé, qui cherche à bénéficier de  la messe traditionnelle il y a de l’espoir et il n’y a pas lieu de se décourager. Comme la graine de moutarde dont nous parle l’Évangile, l’initiative se développera petit à petit car Dieu ne peut que bénir ceux qui ont le zèle pour la splendeur et la vérité de son culte. Par ailleurs, comme nous l’enseigne la théologie catholique, le bien est diffusif de soi, tout comme la lumière d’un feu de bois allumée dans l’obscurité de la nuit. La beauté et le bien de la liturgie traditionnelle est comme ce feu ; il ne pourra jamais être éteint, quels que soient les efforts de ceux qui, aveuglés par les mirages du progrès, cherchent encore à le poursuivre et à l’interdire. Dieu protègera les siens et ne cessera de bénir ceux qui continuent à batailler pour la défense de l’héritage que nous avons reçu de nos pères et de tous ceux qui nous ont précédé dans la foi : la Sainte Messe. 

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