Notre lettre 876ter publiée le 29 juillet 2022

EN JUIN 2020 LA COMMISSION DOCTRINALE DE LA CONFERENCE DES EVEQUES DE FRANCE S'INTERRESSAIT TOUJOURS A LA CONTRE-REFORME-CATHOLQUE DE L'ABBE DE NANTES




Il y a deux ans déjà, en juin 2020, soit dix ans après le décès de l'abbé de Nantes, la commission doctrinale de la CEF mettait en ligne une mise en garde concernant la doctrine erronée du fondateur de la CRC ( voir en bas ce document ) . Le danger ne pouvant plus relever de l'action du défunt, c'est l'influence de ses fidèles qui serait à redouter, car ces derniers, loin de se réfugier dans quelque thébaïde sectaire où leur fiel ainsi concentré ne saurait nuire qu'à eux mêmes, s'astreignent à rester dans leurs paroisses respectives.
La nuisance est d'autant plus actuelle qu'aucun prêtre n'en coordonne les ardeurs. Un clerc est facile à sanctionner, et à tenir pour le rebut du monde. L'invisibilité vestimentaire rend les infiltrés indiscernables. Les propagateurs laïcs d'une théologie contestable mettent en péril la communion ecclésiale. Qu'on se le dise !
Dès lors que des erreurs manifestes auraient été pointées, dès les années 70, dans la doctrine professée publiquement par cet orateur au brio incontestable que fut l'abbé de Nantes, pourquoi un demi-siècle de retard à l'allumage chez nos Ordinaires pour en réfuter à bon droit la séduction possible sur un vain peuple. La raison en est simple.
Dans son Journal, Jules Renard écrit: "De Ronsard à André Chénier, on cherche en vain un poète". Soit deux siècles de mutisme de la muse...Jean d'Ormesson répliquait "Racine !" avec raison. Analogiquement, depuis Lumen Gentium 20/27 décrivant la majesté idéal-typique d'un évêque successeur des apôtres, on cherche en vain un mitré digne de ce nom. Sanction immanente de l'hybris ? Une seule figure hexagonale émergente, détestée par ses pairs, celle de Mgr Lustiger. Un homme, un vrai, c'est rare. Aaron devenu Jean Marie en était un. Georges de Nantes en était un autre. En 87, celui-ci défiait celui-là selon une ordalie baroque, qui fut conclue par un livre à grand tirage (le choix de Dieu) dans lequel Mgr Lustiger dévoilait son for interne: la Promesse faite par Dieu à Abraham dispense les juifs (pieux) d'entrer dans l'Eglise, le Christ n'étant "requis" que pour les nations. On eût apprécié, à l'époque, que la commission doctrinale de la CEF soutînt l'enseignement constant, celui (pour mémoire) de l'Unique Sauveur.

Mais peu d'évêques arrivaient à la cheville de Lustiger, et encore moins à celle de Georges de Nantes, dont, incidemment, il eût fallu révéler l'existence. Impensable ! N'écoutant que leur courage qui ne leur disait rien, ils se gardèrent d'intervenir. Le propos d'Alphonse Allais est indémodable. Il est vrai que Lustiger était du dernier bien avec Jean Paul II. Il est vrai qu'à l'époque, l'abbé de Nantes ne se signalait pas par quelque doctrine hasardeuse sur l'Eucharistie, et encore moins par quelque attrait pour le baiser mystique. Toute son énergie de prêtre s'employait, dès 1966, à exposer les dégâts imputables au Concile, à savoir les défroquages en masse, la chute radicale des vocations, le délire montinien du culte de l'homme, et la gnose de l'apocatastase formulée par Origène. Bref, l'arnaque en action, telle que parallèlement, dans les années 70, le (chaud) dominicain Bruckberger la décrira dans sa chronique du journal l'Aurore, très suivie. Le résistant dominicain ne pouvait guère être mis sous le boisseau, alors que le très maréchaliste abbé exerçant dans le diocèse de Troyes, quoique tous deux ouvertement révoltés contre la nouvelle gnose de Paul VI, ne devait pas sortir de l'anonymat. L'énorme travail de critique des Actes du Concile que l'ont doit à l'innommable est devenu le fonds commun dont l'ensemble des chercheurs en apoplexie puis en consomption ecclésiale a fait, et fait encore méthodiquement son profit. Comment une telle intelligence a-t-elle pu être redoutée plutôt qu'exploitée par la Sainte Eglise ? On pourrait répondre pour commencer que la réponse est dans la question. Ceux que Bruckberger traite de "gogos obstinés et méchants" (Toute l'Eglise en clameurs, p. 63, Flammarion, Paris 1977), à savoir les évêques français, auraient pu faire sanctionner les faiblesses de chaud lapin de l'homme en blanc, mais comme dit la fable "(...) il fallait livrer bataille, et le mâtin était de taille à se défendre hardiment." Que voulez vous, la testostérone, ça bouscule (quand il y en a...). Oui, comment un gogo peut-il s'en sortir face à plus brillant que lui? L'atypique évêque de Grenoble, Mgr Matagrin, fustigeait devant le journaliste Jacques Duquesne, dans un livre d'entretien paru en 1973, et à deux reprises, le niveau intellectuel de l'épiscopat ! (Un nouveau temps pour l'Eglise, Le Centurion, Paris, 1973). L'abbé de Nantes, exaspéré de ne pas exister pour l'épiscopat français, a pu "pousser le bouchon trop loin" sur des points non négligeables, certes, mais afin d'accéder à l'ontologie positive, fût ce sous les traits d'un déviant. C'est ma propre hypothèse de clinicien. Au grand siècle, on l'aurait empoisonné, comme Fouquet, Louvois, Barbezieux (le fils du précédent), Henriette d'Angleterre (Madame se meurt, Madame est morte...à 26 ans), tous porteurs du même lourd secret d’État...

Ayant le génie du verbe, tant à l'écrit qu'à l'oral, l'abbé de Nantes est le premier à avoir ciblé l'imposture conciliaire, large voie d'égarement et d'impiété pour les moutons de Panurge d'un siècle plus prométhéen encore que rabelaisien. Le disciple pouvait-il être mieux traité que le Maître, dont le supplice orne nos carrefours et disparaît de là où il dépare? Le génie lucide et courageux, perpétuellement ostracisé par ses supérieurs, redouté en réalité, peut il "monter à la tête" du sujet surdoué? La Providence n'aurait-elle pu rappeler à Elle un serviteur plus qu'utile avant qu'il ne fournisse quelque grain à moudre à des médiocres? La pointe du présent propos se trouve aiguisée ici même: cette "felix culpa" qui sert aujourd'hui d'argument opportun pour déconsidérer l'ensemble d'une œuvre, c'est l'arbre qui cache la foret des travaux précieux et des lieux multiples d'une sagace éloquence, dont tous ceux qui, contemporains de Vatican II, sont restés catholiques jusqu'à leur rappel à Dieu, ou perdurent dans l'être en 2022, quelle que soit l'officine, conçoivent quelque dette inamissible. La pierre dans le jardin de l'introuvable communion, c'est le fonds nantiste qui dévoile le reniement des successeurs de Pierre, dès 1962. Qu'il ait fallu attendre le décès du Mentor de Saint Parres pour risquer l'estoc, et par là même dévoiler sans risque l'identité de l'homme à abattre, et sans avoir à concéder quelque droit de réponse par la plume affûtée d'un prêtre mort et enterré, voilà une lâcheté digne de la Caverne où s'exerce votre réclusion consentie , laquelle explique simultanément la vacuité de votre pensée, l'échec de vos stratégies, et une stérilité sans autre recours qu'un chemin de Damas, si la Grâce vous en échoit.

Docteur Philippe de Labriolle, Psychologue Honoraire des Hôpitaux.

PS: A propos, en deux ans, la pêche à l’infiltré a-t-elle été bonne? Non? Encore un échec...


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