Notre lettre 734 publiée le 18 février 2020

ANGOLA , UNE TERRE RICHE DE POSSIBILITÉ POUR LE CATHOLICISME TRADITIONNEL

Compte-rendu de notre voyage missionnaire au cœur de l’Afrique lusophone

Il y a un an nous entreprenions notre premier voyage d’exploration par une mission que nous confiions à notre ami João Silveira, collaborateur de Paix Liturgique et animateur du blog lusophone Senza Pagare. Nous lui avons demandé de nous raconter cette première aventure et des fruits qui en ont résulté hier et… aujourd’hui.


Paix liturgique – Pourquoi avez-vous choisi de partir vers l’Angola pour votre premier voyage missionnaire d’exploration ?

João Silveira – Il y avait trois raisons :


- La première est que l’Angola fait partie de ces grands pays catholiques (l’Angola compte plus de 26 millions d’habitants, dont plus de 60 % se reconnaissent comme catholiques…) où, apparemment, la messe traditionnelle n’est pas célébrée. Cela fait de ce pays un objectif d’exploration particulièrement important pour enrichir nos bilans annuels du développement de l’usus antiquior dans le monde.

- La seconde est que je suis Portugais et que j’anime, le blog lusophone Senza Pagare, qui communique avec des personnes du Portugal et du Brésil mais aussi avec des catholiques des anciens territoires portugais d’Afrique comme l’Angola, ce qui faisait que pour moi l’Angola n’était pas une terra incognita.

- La troisième est qu’au travers de Senza Pagare, j’avais depuis quelques temps des contacts avec de jeunes Angolais qui désiraient voir célébrer la liturgie traditionnelle dans leur pays, ce qui faisait de ce pays un exemple parfait de région où existait quelque chose au regard de la liturgie traditionnelle mais quelque chose que nous ne percevions pas bien, donc une destination qui correspondait parfaitement au voyages d’exploration que nous voulions organiser…


Paix liturgique – Et quelle était leur situation ?

João Silveira – Cela n’était pas très clair et c’est pour cela que nous nous sommes dits « allons en Angola et voyons quelle y est exactement la situation liturgique ».


Paix liturgique – C’est comme cela que vous avez pris vos billets pour l’Angola en ayant malgré tout bien préparé votre voyage ?

João Silveira – Oui et non, car les choses n’étant pas claires je suis un peu parti à l’aveugle en me disant qu’il fallait se lancer et voir la réalité sur le terrain…


Paix liturgique – Mais manifestement les choses se sont bien passées ?

João Silveira – Pas tout à fait, car juste au moment de partir j’ai été confronté à une première difficulté… En effet, J’ignorais que mes premiers contacts étaient en fait déjà en relation avec des prêtres de la Fraternité Saint-Pie-X. Or, ceux-ci apprenant par mes contacts que je venais les voir ont pris peur ou cru que nous allions « leur voler » leurs futures fidèles. Ce qui n’était, bien entendu, nullement mon intention : Paix liturgique est, en quelque sorte, « au-dessus de partis », et ne cherche à avoir aucune « clientèle ». Le résultat fut qu’au moment où je partais, le plus grand nombre des personnes que je devais rencontrer se désistaient… mais j’étais sur le départ et je partis malgré tout.


Paix liturgique – Pour rencontrer quelles personnes ?

João Silveira – La Providence était manifestement avec moi car au même moment des amis portugais me donnèrent de nouveaux contacts qui s’avérèrent très positifs : ceux d’un prêtre et d’un autre groupe de jeunes qui étaient manifestement intéressés par la liturgie traditionnelle.


Paix liturgique – Racontez-nous votre première journée.

João Silveira – Je suis arrivé très tôt dans la matinée à Luanda et je ne devais rencontrer que le soir les jeunes qui étaient entrés en contact avec moi j’ai donc profité de ma « journée libre » pour faire le tour des églises de Luanda.


Paix liturgique – Et qu’avez-vous constaté ?

João Silveira – A la fois beaucoup de misère et aussi beaucoup de Foi catholique.

Beaucoup de misère car l’Angola est un pays devenu très pauvre après une longue guerre et l’établissement d’un régime totalitaire marxiste mais aussi un pays de foi car partout, dans les églises que j’ai visitées, j’ai trouvé des fidèles en prière récitant leur chapelet avec beaucoup de ferveur.


Paix liturgique – Enfin vous avez rencontré le groupe de jeunes ? Mais au fait comment les aviez-vous trouvés…

João Silveira – En fait ce sont eux qui m’avaient trouvé, car en préparant mon voyage où je devais rencontrer le groupe de jeunes qui m’ont ensuite laissé tomber, j’avais posté sur le blog de Senza Pagare plusieurs messages où j’annonçais mon futur voyage en Angola. C’est comme cela que des jeunes Angolais que je ne connaissais pas, mais qui suivaient Senza Pagare, sont entrés en contact avec moi et m’ont fait savoir leur désir de me rencontrer.


Paix liturgique – C’est donc une sorte de miracle de l’Internet ?

João Silveira – Pour moi c’était une première, mais lors de tous mes déplacements suivants j’ai été très étonné de voir que partout dans le monde et bien sûr surtout dans les endroits les plus isolés, il se trouvait des personnes, souvent des jeunes, qui étaient au courant de bien des choses grâce à nos blogs. Ainsi lorsque six mois après mon voyage en Angola, je suis allé au Mozambique, au moment de la visite du Pape, ai-je constaté la même chose dans cet autre pays lusophone d’Afrique : plusieurs personnes, que nous ne connaissions pas, suivaient les informations de notre blog traditionnel lusophone Senza Pagare.


Paix liturgique – Que vous ont dit ces jeunes ?

João Silveira – Ils m’ont surpris. D’abord par leur nombre : des deux ou trois contacts du départ, j’en ai retrouvé assez vite 13 (1 fille et 12 garçons).

Puis par leur motivation. Ils n’étaient absolument pas des ignorants mais des jeunes déjà éclairés par ce qu’ils avaient trouvé sur Internet, sérieux et ayant soif d’apprendre.


Paix liturgique – Qu’avez-vous fait avec eux ?

João Silveira – j’ai entamé immédiatement une sorte de catéchèse sur la messe et la liturgie et j’ai repris ce thème tout au long des trois rencontres que j’ai eu avec eux.


Paix liturgique – Il n’y avait pas de prêtres parmi eux ?

João Silveira – Non, mais plusieurs souhaitaient devenir séminaristes, dont un qui avait déjà une sorte de contact avec l’administration brésilienne de Saint-Jean-Marie-Vianney, mais aucun n’avait véritablement de liens sacerdotaux en Angola.


Paix liturgique – Mais n’aviez-vous pas vous-même un contact avec un prêtre angolais ?

João Silveira – Tout à fait ! Un ami du Portugal m’avait conseillé, avant de partir en Angola, de contacter le père Paul, un prêtre de Luanda qui avait enseigné au séminaire diocésain et était assez intéressé par les questions liturgiques.


Paix liturgique – L’avez-vous rencontré ?

João Silveira – Oui j’ai eu cette chance dès le second jour et il a été tout à fait enthousiaste à l’idée de créer un groupe autour de la liturgie traditionnelle à Luanda. Malheureusement il allait lui falloir du temps pour le réaliser car à la fois il ne savait pas célébrer selon l’usus antiquior et il n’avait aucun des éléments nécessaires.


Paix liturgique – Qu’avez-vous fait ?

João Silveira – Je lui ai remis le DVD de la Commission Ecclesia Dei pour qu’il se familiarise avec le Vetus Ordo puis je lui ai fait parvenir depuis mon retour au Portugal les éléments nécessaires, à savoir un missel d’autel et des ornements.


Paix liturgique – Ou en sont-ils aujourd’hui ?

João Silveira – D’abord toutes ces personnes se sont regroupées sur un groupe Facebook et ont continué à se former en vue de la célébration, et les 13 jeunes que j’ai rencontrés il y a un an sont aujourd’hui devenu 30, rien que sur Luanda !


Paix liturgique – Et la célébration traditionnelle à Luanda ?

João Silveira – Je prie qu’elle puisse rapidement aboutir. Je garde de profonds contacts avec tous ces jeunes et avec le père Paul. Il nous reste désormais à laisser la Providence agir et permettre l’éclosion d’une nouvelle communauté traditionnelle qui sera la première de ce grand pays catholique qu’est l’Angola.


Paix liturgique - Avez-vous trouvé un terrain fertile en termes de vocations ?

João Silveira – Oui, le plus grand séminaire de Luanda est plus que complet, à la différence de nos séminaires d’Europe. D’autres locaux ont été convertis en chambres pour accueillir les séminaristes. Même ainsi, beaucoup sont laissés de côté.


Paix liturgique - Est-ce que cela se produit uniquement à Luanda, car c’est la capitale ?

João Silveira – Non, les séminaires dans d’autres diocèses sont également archicombles.


Paix liturgique - Ces conditions semblent favorables pour qu’un institut traditionnel ouvre un apostolat dans ce pays ...

João Silveira – En effet, l’ouverture de la hiérarchie, bien différente de ce qui se passe en Europe, les nombreuses vocations sacerdotales, la grande piété de la majorité des fidèles et l’attrait pour le sacré se conjuguent pour qu’un apostolat traditionnel puisse porter de grands fruits à court terme dans ce beau pays.


Paix liturgique – Si vous deviez résumer ce premier voyage missionnaire d’Oremus – Paix-Liturgique ?

João Silveira – Je répondrais d’emblée qu’il a été fort utile car, partis de rien, nous avons permis en quelques mois l’émergence d’un groupe, que nous n’avons en aucun cas créé ex nihilo, mais que nous nous sommes contentés d’aider à se structurer, car la demande, l’attente était bien là.


Paix liturgique – Quelle leçon en tirez-vous ?

João Silveira – Qu’aujourd’hui avec Internet et les autres moyens de communication il n’existe pratiquement plus de personnes totalement isolées dans le monde et que ou que nous allions il est certain que nous y trouverons des fidèles et des prêtres désireux de vive leur foi catholiques au rythme de l’usus antiquior et du catéchisme catholique.


Paix liturgique – Même au-delà des pays que vous mentionnez dans votre bilan du développement de la liturgie traditionnelle ?

João Silveira – Certainement, et nos prochains voyages missionnaires vont assurément démontrer que la demande traditionnelle est universelle.


Paix liturgique – Mais ces déplacements ont un coût ?

João Silveira – Qu’est-ce qui n’en a pas ? C’est pourquoi nous demandons à nos amis de nous aider d’abord et surtout par leurs prières et aussi par leur soutien financier.


Paix liturgique – Pouvez-vous nous donner une idée du coût d’un voyage comme celui que vous avez réalisé vers l’Angola ?

João Silveira – Quelques milliers d’Euros, ce qui est peu et beaucoup à la fois, mais le plus difficile est d’assurer le « suivi », celui de l’envoi de matériel, puis de la préparation d’un second voyage sans doute nécessaire, puis d’autres frais pour asseoir la réalité du groupe. Nous pensons pour cela faire réaliser prochainement un sondage en Angola pour tenter d’y mesurer plus précisément ce que nous y avons vu. Mais là le budget est plus important car dans un pays où Internet est encore balbutiant, les organismes nous demandent une somme importante de l’ordre de 10 000€. Voilà pourquoi nous ne sommes pas au bout de nos peines.


Paix liturgique – Vos prochains projets de voyages ?

João Silveira – Ils sont très nombreux, vers l’Asie, l’Amérique mais surtout vers l’Afrique qui sera notre priorité au cours des années à venir, car c’est ce continent riche de possibilités qui a le plus besoin de notre aide.

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