Notre lettre 721 publiée le 20 novembre 2019

SOMMES-NOUS DONC DES CHIENS ?

Nous reproduisons ici, avec son accord, la roborative lettre publiée par notre ami Jean-Pierre Maugendre, Président de Renaissance Catholique. Oui il apparaît bien de plus en plus que la plupart de  nos pasteurs ne nous aiment pas !  Ils n'ont en général même pas la Charité d'entamer ne serait-ce qu'un pseudo dialogue avec nous, cléricaux qu'ils sont, ne désirant parler qu'avec d'autres clercs  sur lesquels ils ont un pouvoir et qu'ils peuvent et savent manipuler et menacer... Mais, comme dit l'adage "Qui sème le vent récolte la tempête" car les laïcs eux ne céderont rien devant cette attitude d'irrespect.

Cette situation ubuesque nous fournit une nouvelle occasion de comprendre comment se sont mises en place toutes les horreurs de l'histoire bien souvent produites par l'absence de Charité... et de dialogue ! Retenons que nos pasteurs contemporains, qui en cela sont aussi aveugles et pire que leurs prédécesseurs, ne sont toujours pas capables d’anticiper et d’empêcher les conflits stériles qu'ils auront souvent laissé naître quand ils ne les ont pas sciemment provoqués... "Qu'aurait fait Jésus-Christ ?", aimait à répéter avec Foi et intelligence Mgr. Jean-Charles Thomas, ancien évêque de Versailles, lorsqu'il était confronté à une difficulté. Nous laissons à nos pasteurs le soin de répondre à cette interrogation face aux chaos qui se profilent dans un autiste général...


SOMMES-NOUS DONC DES CHIENS ?

Nous nous en doutions mais nous en avons maintenant la confirmation, la certitude : nos évêques ne nous aiment pas !


Une application large et généreuse ?

Jean-Paul II dans la lettre apostolique Ecclesia Dei afflicta (2 juillet 1988) puis Benoît XVI dans le motu proprio Summorum Pontificum (7 juillet 2007) avaient demandé aux évêques d’accueillir de manière « large et généreuse » les réclamations des fidèles souhaitant bénéficier de la célébration de la messe, et des sacrements, selon la forme extraordinaire du rite romain.

On ne peut pas dire que, sauf exceptions méritoires, cette demande ait reçu, en France, un accueil particulièrement chaleureux et enthousiaste. Ainsi dans le diocèse de Versailles, si de nombreuses régularisations canoniques ont eu lieu (Notre-Dame-des-Armées à Versailles, Saint-Louis à Port-Marly, Saint-Martin de Bréthencourt, etc.), il y a eu peu de créations de lieux de culte affectés au rite traditionnel et permettant une vie paroissiale régulière. Citons cependant deux chapelles, de taille au demeurant fort modeste : l’Immaculée-Conception à Versailles, attribuée à la Fraternité Saint-Pierre, et Saint-Germain du Chesnay, desservie par le diocèse. En trente années, cela n’a rien de particulièrement « large et généreux » !

À l’occasion du retour à l’église Saint-Louis du Port-Marly de la communauté, déplacée pour cause de travaux, et qui avait été accueillie pendant trois années à la chapelle des Franciscaines à Saint-Germain-en-Laye, Mgr Aumônier, évêque de Versailles, a fait lire en chaire ce dimanche 10 novembre un communiqué. Celui-ci prévoit que les messes du dimanche resteront célébrées, à Saint-Louis du Port-Marly, selon la forme extraordinaire mais qu’il existera, désormais, une messe anticipée du dimanche célébrée selon la forme ordinaire le samedi soir. Il est aussi annoncé qu’un protocole sera signé entre le diocèse et l’Institut du Christ-Roi pour le partage des lieux. Le chanoine Roussel doit se retourner dans sa tombe, lui qui avait tout sacrifié pour que sa paroisse reste intégralement fidèle à la messe de la Tradition.


Quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup.

Concernant la réouverture de l’église du Port-Marly, aucune date n’est annoncée, celle-ci devant être fixée par la mairie. On se perd en conjectures sur les raisons de cette indécision alors que les travaux de réfection de l’église sont achevés.

Quant à la communauté d’Ukrainiens catholiques qui devrait succéder aux fidèles traditionalistes à la chapelle des Franciscaines, elle brille par sa discrétion. Aucun prêtre responsable ne semble identifié. Aucune estimation des effectifs, dont l’ampleur rendrait impossible une cohabitation avec les fidèles actuellement présents, n’a été rendue publique.

Comme le disait la grand-mère de Martine Aubry : Quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup.

Enfin, les grands absents de ce communiqué sont les Saint-Germanois, désireux, pour les plus anciens depuis douze ans, de bénéficier des bienfaits de la liturgie traditionnelle dans leur propre ville. On ne sache pas que Mgr Aumônier ait rencontré les anciens fidèles mais aussi les nouveaux convertis, revenus à l’Église grâce à la célébration de la messe traditionnelle dans leur ville. Mgr Aumônier aurait pu rencontrer Kévin, 25 ans, pratiquant sans conviction qui a découvert le chapelet, la prière personnelle et suit maintenant le catéchisme ; Susannah, 21 ans, depuis peu baptisée, avec son fils, et dont la propre mère, récemment convertie, a pu vivre ses derniers moments forts spirituels aux Franciscaines ; Clément, 21 ans, qui pratiquait un fois par an à Noël et qui a été enthousiasmé par la « messe en latin » qu’il a découverte, etc.

Cet ostracisme contraste avec la tonalité générale du bulletin officiel du diocèse : « Église catholique en Yvelines » ! Il y est abondamment question d’« Un diocèse missionnaire plus joyeux », de promouvoir une « Église métisse (…) désireuse de mettre en œuvre “ l’unité dans la diversité ” », de faciliter « l’accueil et l’ouverture aux périphéries », l’Église devant « faire signe » ??? Ainsi, très concrètement, la fête de Pâques 2019 a été l’occasion d’un goûter avec les musulmans de Chanteloup-les-Vignes et les Turcs de Carrières-sous-Poissy, actualisation de « l’accueil des migrants » largement évoqué par ailleurs. Comment « en même temps » appeler à « l’unité dans la diversité » et à « l’accueil des migrants » et refuser de recevoir et d’entendre des catholiques dont le seul tort est de vouloir prier comme leurs pères le firent pendant des siècles ? « Il a pu paraître beau et même sublime de se proclamer “ évêques des autres ”. “ Évêque des siens ”, pour être moins sublime et plus humble, est un éloge qui vaut la peine d’être recherché » (Alain Besançon).

Jules Isaac, en 1962, avait dénoncé ce qu’il appelait l’enseignement du mépris, c’est-à-dire, selon lui, l’attitude de l’Église vis-à-vis des Juifs pendant des siècles. Analogiquement, nous y sommes. Juchée sur un immense désastre spirituel, les vocations taries, les séminaires désertés et intellectuellement à l’abandon, les chrétiens divisés, le peuple déchristianisé, la majeure partie des évêques de France couvre ceux qu’elle appelle « les intégristes » de son mépris. Il n’y a dans le communiqué de Mgr Aumônier pas la moindre once de sympathie, de cordialité, ne parlons pas d’affection ou d’amour, pour les paroissiens du Port-Marly. Il y a la décision administrative d’un fonctionnaire ecclésiastique qui cependant, c’est la loi du genre, se conclut par un appel à l’unité.


Les conditions de l’unité

Louable exhortation que nous éclairerons par un texte de Jean Madiran paru en 1960 avec Imprimatur du vicaire général de … Versailles, sous le titre L’unité.

L’Esprit Saint qui fait l’unité ne vient pas en dehors de l’obéissance ; il n’y a pas d’unité hors de l’esprit filial. C’est en bonne part par esprit filial que beaucoup de laïcs sont attachés à la messe traditionnelle parce que « ce qui était sacré pour les générations précédentes reste grand et sacré pour nous » (lettre du pape Benoît XVI aux évêques accompagnant le motu proprio Summorum Pontificum).

Il n’y a pas d’unité en dehors de la vérité. Depuis 60 années, la réforme liturgique souffre d’une part d’avoir été imposée avec une rare brutalité et d’autre part d’avoir été accusée dès sa conception par d’éminents cardinaux (Bref examen critique du Nouvel Ordo Missæ des cardinaux Ottaviani et Bacci) de « s’éloigner de façon impressionnante dans l’ensemble comme dans le détail de la théologie catholique de la sainte Messe telle qu’elle a été formulée à la XXIIe session du concile de Trente ». Cet Examen critique reste toujours en attente de réponse et le peuple chrétien n’a pas encore pansé toutes ses blessures.

Il n’y a pas d’unité dans le cours de l’histoire qui ne soit une unité crucifiée. Elle consiste à porter dans son cœur la croix de l’unité, les imperfections temporelles de l’unité, les blessures de l’unité, les déchirements et les désaccords. L’unité n’est pas un défilé dans une cour de caserne, elle est, aussi, la patience de souffrir avec le Christ ayant présent à l’esprit que « Le signe certain que nous gardons la plénitude de l’esprit, est de ne jamais admettre que nous puissions souffrir par l’Eglise autrement que nous pouvons souffrir par Dieu. » (H. Clérissac, op, Le mystère de l'Église).


Conclusion

L’Église vit aujourd’hui une crise sans précédent, de cultes idolâtriques à la déesse Terre-Mère Pachamama dans les églises de Rome aux abus sexuels commis par des prêtres et couverts par la hiérarchie, sans oublier la remise en cause du célibat sacerdotal, l’effondrement de la pratique religieuse et de la morale chrétienne, etc. Dans ce contexte difficile, peut-être y a-t-il des dossiers plus urgents à traiter et plus dignes de l’attention de Mgr Aumônier, que d’empêcher une communauté paisible de vivre sa foi catholique, avec les pasteurs qui ont su gagner sa confiance, au rythme de la liturgie immémoriale de l’Église ?


Jean-Pierre Maugendre

Président de Renaissance Catholique

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https://www.renaissancecatholique.org/

rcatholique@wanadoo.fr

25 A rue Montebello 78 000 Versailles

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